Investing.com - L'armée israélienne a demandé aux 1,1 million de personnes vivant au nord de Gaza de quitter immédiatement le territoire. Un indice certain de l'imminence de l'entrée des troupes chargées d'anéantir le Hamas.
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, parle déjà d'une catastrophe humanitaire, tandis que le Hezbollah et l'Iran signalent clairement qu'ils ne toléreront pas une telle escalade.
Toute la région, d'où le monde tire un tiers de son pétrole par voie maritime, risque de sombrer dans le chaos. Notamment parce que la géopolitique, qui fait pencher la balance, décide de l'ampleur des souffrances qui s'abattront sur les habitants du Proche-Orient.
L'analyste de Rabobank Michael Every a très bien décrit la vision politique du Moyen-Orient, qui varie en fonction du calcul de ses propres avantages nationaux. Même en Occident, les opinions divergent fortement.
D'un côté, il y a les États-Unis, où des élections auront lieu l'année prochaine. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que le gouvernement affirme, en se référant aux services de renseignement, que l'Iran a été surpris par l'attaque du Hamas et qu'il n'en était en aucun cas le commanditaire. On tente ainsi de tenir l'Iran à l'écart des événements et de ne pas mettre en danger la situation globale de l'approvisionnement en pétrole, car aux Etats-Unis, les élections se décident aussi à la pompe - moins c'est cher, mieux c'est pour le gouvernement en place.
De l'autre côté, on trouve la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui ne laisse planer aucun doute sur le fait que l'Iran a été la force motrice des attentats du Hamas.
C'est tout sauf une bonne position de départ pour une attitude et une action unies. Michael Every écrit ainsi:
"Malheureusement, force est de constater qu'en année électorale, les services de renseignement américains disent tout ce qui est politiquement correct, car cela aide la Maison Blanche de pouvoir dire qu'il n'est pas nécessaire d'attaquer l'Iran, même si l'on soutient Israël. Reste à savoir ce que cela signifie en termes de dissuasion".
La longue conversation téléphonique entre le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman et le président iranien Raisi soulève également des questions.
Était-ce déjà le prélude à ce que l'Arabie saoudite s'éloigne d'Israël et de l'Occident pour faire à l'avenir davantage d'affaires dans l'intérêt des BRICS ? Ou s'agissait-il davantage de sonder si l'Iran retournerait ses armes contre l'Arabie saoudite si les Etats-Unis osaient bombarder l'Iran ?
Les défis auxquels l'économie mondiale était confrontée il y a encore dix jours étaient immenses. Certes, les taux d'intérêt américains avaient déjà été plus élevés, mais jamais le service de la dette n'avait été aussi important, alors que la Chine est frappée par une crise immobilière sans précédent, qu'un gazoduc a de nouveau été saboté et que la fin du conflit ukrainien n'est pas en vue.
Le conflit du Proche-Orient qui s'embrase aujourd'hui a le potentiel de rendre la situation totalement incontrôlable, de sorte qu'il est presque certain que les marchés financiers vont traverser une période très turbulente.
Pendant des années, les choses se sont déroulées comme sur un escalator, toujours en haut. Mais au bout de ce voyage confortable, ce n'est en aucun cas le paradis qui attend, mais un énorme gouffre qui engloutira en quelques instants tous les bénéfices réalisés ces dernières années, lorsque l'inévitable chute libre se produira. Sur le blog d'investissement de QTR Fringe Finance, on peut lire ce qui suit :
"L'économie américaine, le marché de l'immobilier, le marché de l'immobilier commercial et le marché des actions sont toujours dans la zone des bulles, proches de leurs plus hauts historiques, et n'ont pas encore connu de baisse significative, ce qui, à mon avis, est une nécessité mathématique compte tenu des taux d'intérêt actuels.
Je suis perplexe quant au fait que les gens continuent à agir dans leur planification personnelle et financière comme si le monde n'était pas à l'aube de changements spectaculaires. J'espère certes un retour à la normale, mais les conditions de changements profonds et volatils semblent plus tangibles que jamais dans ma carrière d'investisseur".
Ceux qui investissent sur les marchés financiers devraient donc se demander d'urgence si leur stratégie actuelle est vraiment adaptée aux événements mondiaux et agir en conséquence. Car celui qui ne parvient pas à sauter à temps de l'escalator sera entraîné dans l'abîme.