Investing.com - Les ventes au détail US publiées plus tôt cette semaine ont été plus solides que prévu en septembre, augmentant de 0,7 %, contre un consensus de 0,3 %, avec une progression annuelle de 3,8 %, ce qui a entrainé plusieurs analystes, et surtout les médias, à y voir un signe clair que la consommation reste solide aux États-Unis. Cependant, dans un récent podcast, l’économiste Peter Schiff a expliqué que ce raisonnement est selon lui erroné, car les données des ventes au détail ne sont pas corrigées de l’inflation.
“Tout coûte plus cher. Tout ce que vous achetez est beaucoup plus cher. Donc, en supposant que vous n'achetiez pas moins, et bien sûr, certaines personnes achètent moins, mais si vous achetez la même chose et que tout coûte beaucoup plus cher, alors bien sûr, les ventes au détail vont augmenter" a en effet expliqué Schiff.
En effet, en ajustant l'augmentation annuelle des ventes au détail de 3,8 % en fonction de l'IPC, la progression tombe à 0,1 %, ce qui signifie que la quasi-totalité de l'augmentation des ventes au détail est due à la hausse des prix.
“Les Américains ne sont pas heureux que leur facture d'épicerie ait augmenté, et ils ne mangent probablement pas plus ou mieux. En fait, ils achètent probablement des produits de moindre qualité. Ils paient simplement plus cher" a déclaré l’économiste, soulignant une fois de plus que “la formule sous-estime intentionnellement l'inflation des prix”.
Il a ainsi prévenu que le consommateur US n’est “pas insubmersible” et qu’il “croule sous les dettes”, jugeant que “la seule raison pour laquelle il flotte encore, c'est qu'il a deux ou trois emplois”, ce qui constitue selon lui un échec de l’économie US.
Schiff a par ailleurs prévenu d’un autre problème, à savoir que la consommation est financée par le crédit. Le crédit renouvelable - principalement les cartes de crédit - a augmenté de 13,9 % en août. Les Américains ont désormais une dette de 1,28 trillion de dollars au titre du crédit renouvelable.
Selon MarketWatch, "les Américains semblent compter davantage sur l'endettement pour payer leurs achats. Ils ont également davantage recours aux plans "acheter maintenant et payer plus tard"", des symptômes de détresse financière.
“Les Américains dépensent plus pour se loger. Ils dépensent plus pour l'énergie. Ils dépensent plus pour la nourriture. Ils dépensent plus pour l'assurance. Ils dépensent plus pour les soins de santé. Ils doivent faire ces dépenses. Ils n'ont pas le choix. Et le problème, c'est que lorsqu'ils ont fini d'acheter tout ce dont ils ont besoin, il ne leur reste plus grand-chose pour ce qu'ils veulent" a expliqué l’économiste.
Dans une autre intervention, cette fois sur Twitter (NYSE:TWTR), Schiff a fourni un autre exemple de l’inflation réelle, soulignant que le prix de l’abonnement à Netflix (NASDAQ:NFLX) vient d’être augmenté de 15% à 22.99 $, alors qu’il était de 15.99 $ avant la pandémie, soit une augmentation de 44% en 3 ans, ce qui est selon lui “bien plus proche du taux réel d’inflation que l’PC officiel”.
S’exprimant en réaction au discours de Jerome Powell hier soir, Schiff a également critiqué le patron de la Fed pour avoir mis l’inflation sur le dos de la pandémie de covid-19.
“Ce n’est pas la pandémie qui a causé l’inflation, mais la Fed et le gouvernement fédéral” a-t-il écrit, ajoutant que “les deux ont empiré le problème de l’inflation durant la pandémie en réalisant d’énormes déficits budgétaire et en imprimant des grosses quantités de monnaie” pour financer les aides versées au cours de cette période.
Or, selon lui, la principale erreur est que la Fed ne prend pas en compte la politique fiscale. Dans une autre tweet, il en effet déclaré que “Powell dit que la Fed ne prend pas en compte la politique fiscale pour prendre des décisions de politique monétaire, et qu’il ne change pas la politique monétaire en fonction de la politique fiscale”, jugeant que c’est “probablement de l'aveu le plus téméraire jamais fait par un président de la Fed” et que cela “définira le piètre héritage de Powell”.