Investing.com – Alors que le monde est secoué par diverses crises économiques et géopolitiques, les marchés boursiers restent solides depuis le début de l’année, une divergence qui a incité de nombreux observateurs à mettre en garde contre un potentiel crash imminent.
Dans une intervention auprès de CNBC jeudi dernier, David Roche (SIX:ROG), président et stratège mondial d'Independent Strategy, a à son tour lancé l’alerte en affirmant que les marchés boursiers étaient encore relativement dynamiques "parce que les gens sont stupides" et trop complaisants.
L’investisseur a pointé du doigt plusieurs développements inquiétants que le marché semble passer sous silence, y compris le ralentissement de la croissance en Chine, les sanctions qui frappent l'économie russe, l'inflation élevée en Occident qui nécessite une compression des marges, ainsi que l'agitation sociale dans les marchés émergents.
"Les marchés boursiers sont à la hausse parce qu'ils pensent que ces choses ne sont pas liées. Or, ils sont liés", a déclaré M. Roche.
Il a notamment rappelé que le secteur immobilier chinois est en difficulté depuis 2020, lorsque Pékin a mis un frein à l'endettement des promoteurs immobiliers, ce qui a entraîné plusieurs faillites retentissantes. Et la faillite du promoteur immobilier chinois Evergrande (HK:3333) la semaine dernière a constitué une piqûre de rappel à ne pas négliger.
A plus long terme, Roche a expliqué que le déclin démographique de la Chine au cours de plusieurs décennies signifiait que le pays n'avait pas "le nombre de jeunes qui justifierait un renouvellement du cycle immobilier", et que de ce fait, "ils n'arrivent pas à relancer le moteur de la croissance".
En ce qui concerne la Russie Roche a noté que "l'économie commence à donner l'impression d'être vraiment touchée par les sanctions", expliquant que le plafonnement des prix imposé par le G7 sur les exportations de pétrole de Moscou a entraîné une baisse des recettes fiscales et une chute du rouble russe, ce qui laisse craindre une hausse des tensions géopolitiques à l'échelle mondiale.
L’investisseur a également abordé le sujet de l’inflation en Occident et de la hausse des taux des banques centrales, soulignant que "des taux d'intérêt plus élevés sur une période beaucoup plus longue signifient qu'elles doivent réduire les marges bénéficiaires afin de faire baisser les chiffres de l'inflation".
Et c’est justement ce ralentissement de la croissance des bénéfices qui sera selon Roche le catalyseur qui provoquera une correction significative des marchés boursiers, en faisant revenir les pieds sur terre les investisseurs qui sont devenus trop optimistes après des années de politique monétaire souple et de rendements élevés.
"Lorsque la correction interviendra, lorsque les gens se rendront compte que les bénéfices font partie de l'ajustement à la baisse de l'inflation, et lorsqu'ils se rendront compte que tous ces problèmes que vous voyez en Amérique latine ... et lorsque vous regardez les problèmes en Chine, je pense que le potentiel de baisse des marchés est encore très important, à ces niveaux", a déclaré Roche pour conclure.