(Reuters) - Le président français Emmanuel Macron a salué mercredi lors d'une visite au Brésil une "nouvelle page" des relations entre les deux pays, évoquant une "amitié" et "un destin commun", qu'il s'agisse de lutte contre le changement climatique, d'industrie de la défense ou encore d'"aventures spatiales".
Au cours d'un discours devant la communauté française de Sao Paulo, Emmanuel Macron a décrit sa première visite bilatérale en Amérique du Sud depuis 2017 comme l'illustration de son envie de lancer une "nouvelle dynamique" entre Paris et Brasilia, après plusieurs années "parfois difficiles sur le plan politique et diplomatique".
Les relations entre les deux pays sont devenues glaciales en 2019, sous la présidence de Jair Bolsonaro, les deux chefs d'Etat se lançant réciproquement des "piques", Emmanuel Macron reprochant notamment à son homologue brésilien de ne pas respecter l'Accord de Paris sur le climat et de favoriser la déforestation de l'Amazonie.
"On a un destin commun", a déclaré mercredi soir le président français, notant que les relations diplomatiques entre les deux pays dataient de près de 200 ans et rappelant les "projets structurants" mis en oeuvre "dans la période 2008-2010" par l'ancien président français Nicolas Sarkozy et Luiz Inacio Lula da Silva, au pouvoir à l'époque et revenu l'an dernier à la présidence brésilienne.
Avec Lula, Emmanuel Macron dit partager "une même vision du monde", évoquant d'ores et déjà son prochain déplacement au Brésil, en novembre prochain, pour le sommet du G20, au coeur duquel les deux pays placeront leur "ambition géopolitique commune", a-t-il dit.
Il a toutefois rappelé, plus tôt dans la journée, lors d'un événement distinct, son opposition au traité Mercosur en l'état, alors que le Brésil espère parvenir à boucler les négociations entamées de longue date sur cet accord commercial entre l'Union européenne et le marché commun sud-américain.
RELANCER UNE POLITIQUE "VOLONTARISTE"
S'agissant de la lutte contre le changement climatique, les deux pays apparaissent sur la même longueur d'onde. Un programme d'investissement à l'échelle de l'Amazonie brésilienne et guyanaise destiné à lever 1 milliard d'euros sur quatre ans, dans le cadre d'une feuille de route sur la bioéconomie et la protection des forêts tropicales, a été annoncé mardi.
Emmanuel Macron a dit vouloir "bâtir une stratégie transfrontalière nouvelle". "Il y a dans le partenariat franco-brésilien une partie de la solution - par nos entreprises, nos chercheurs, nos investissements - pour répondre aux défis inséparables : lutter contre les inégalités pour le développement, lutter contre le changement climatique et ses conséquences, lutter pour la biodiversité", a-t-il ajouté.
Le président français a exprimé sa volonté de "relancer très fortement notre volontarisme en matière de recherche, d'industrie, d'économie", citant la défense. "On a lancé ce matin un nouveau programme de sous-marins, avec une coopération où nous irons plus loin, en accompagnant le Brésil sur la prochaine génération de sous-marin à propulsion nucléaire".
Construit au Brésil avec de la technologie française, le sous-marin Scorpène construit est un programme de 10 milliards de dollars devant déboucher, à la fin de la décennie, sur la naissance du premier sous-marin nucléaire du Brésil.
Il s'agit d'un partenariat avec le groupe public français Naval où Thales (EPA:TCFP) détient une participation de 35%.
Emmanuel Macron a évoqué aussi la livraison de nouveaux hélicoptères - "une formidable réussite entre nos deux pays", a-t-il dit - et le renouvellement des chars, tout en indiquant ne pas exclure de parvenir à vendre au Brésil des avions Rafale. "Rien n'est jamais perdu", a-t-il déclaré.
Le président français a souligné par ailleurs l'importance de collaborer dans le domaine spatial, "si important" pour la Guyane. "Nous avons beaucoup à bâtir. A réinventer une aventure spatiale", a-t-il dit.
(Rédigé par Jean Terzian)