Investing.com – L’agence de notation Moody's Investors Service a annoncé vendredi avoir abaissé la perspective de la note de la dette américaine de stable à négative, soulignant les risques croissants qui pèsent sur la solidité budgétaire du pays.
Bien qu’ayant confirmé la note maximal AAA accordée au pays, l’agence a prévenu que "dans le contexte de taux d'intérêt plus élevés, sans mesures budgétaires efficaces pour réduire les dépenses publiques ou augmenter les recettes".
Dans ce contexte, l’agence "s'attend à ce que les déficits budgétaires des États-Unis restent très importants, ce qui affaiblira considérablement la capacité d'endettement du pays".
L’agence de notation a également souligné les dissentions politiques qui compliquent la gestion budgétaire.
"La polarisation politique continue au sein du Congrès américain augmente le risque que les gouvernements successifs ne soient pas en mesure de parvenir à un consensus sur un plan budgétaire visant à ralentir le déclin de l'accessibilité de la dette", a en effet déclaré Moody’s.
Toutefois, l’agence a aussi déclaré qu'elle s'attendait à ce que les États-Unis "conservent leur force économique exceptionnelle", soulignant que des "surprises de croissance positive à moyen terme pourraient au moins ralentir la détérioration de l'accessibilité de la dette".
Sans surprise, le gouvernement américain a critiqué la décision de l’agence, le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, ayant déclaré dans un communiqué que "bien que la déclaration de Moody's maintienne la note Aaa des États-Unis, nous ne sommes pas d'accord avec le passage à une perspective négative", affirmant que "l'économie américaine reste forte et les titres du Trésor constituent le principal actif sûr et liquide au monde".
Soulignons que cette dégradation de la perspective de la note de la dette US intervient alors que le Congrès est une nouvelle fois confronté à la menace imminente d'une nouvelle fermeture du gouvernement, avec la nécessité de trouver un accord budgétaire d’ici au 17 novembre, sachant qu’un vote est prévu mardi.
A ce propos, on notera qu'immédiatement après la publication de Moody's, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré que ce changement était "une nouvelle conséquence de l'extrémisme et du dysfonctionnement des républicains du Congrès".
Christopher Hodge, économiste en chef pour les États-Unis chez Natixis (NYSE:99V33V1Z3=MSIL), a été l'un des premiers analystes à réagir à l'annonce de Moody's, et a déclaré qu'il "est difficile de ne pas être d'accord avec le raisonnement (de l'agence), car il n'y a aucune attente raisonnable d'assainissement budgétaire dans un avenir proche", expliquant que "les déficits resteront importants... et comme les coûts d'intérêt représentent une part plus importante du budget, le fardeau de la dette continuera à s'alourdir".
Rappelons qu’en août dernier, l’agence Fitch avait quant à elle abaissé la note de la dette US, et non simplement la perspective, passant de de AAA à AA+, en raison de "la détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années", ainsi que l'érosion de la gouvernance et l'augmentation du fardeau de la dette.
Soulignons pour terminer que la dette américaine approche désormais les 34.000 milliards de dollars, et que compte tenu de la hausse des taux depuis l’année dernière, de plus en plus d’économistes estiment qu’elle devient insoutenable, laissant le pays face à un risque de faillite, s’il décide de ne plus payer ses dettes, ou d’hyper inflation, s’il fait tourner la planche à billet pour s'en acquitter.