PARIS (Reuters) - Le Parquet national financier (PNF) français a ouvert une enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs" et "blanchiment en bande organisée" à l'égard du gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, écrit dimanche l'AFP.
"Les investigations devraient notamment permettre d'éclaircir la provenance du riche patrimoine de M. Salamé, aujourd'hui âgé de 70 ans", précise l'AFP, citant une source proche du dossier et une source judiciaire.
Pierre-Olivier Sur, l'avocat français de Riad Salamé, a rejeté ces accusations, y voyant une "opération de communication, voire une opération politique", dans une déclaration transmise dimanche à Reuters par le gouverneur de la banque du Liban.
Riad Salamé est visé par une plainte déposée en France par l'association Sherpa pour des soupçons de biens mal acquis. Elle porte sur l'acquisition de biens immobiliers en France d'une valeur de plusieurs millions d'euros, avait indiqué en mai dernier l'association.
Lors du dépôt de cette plainte, Riad Salamé avait réagi auprès de Reuters en affirmant avoir acquis ses biens en France avant de prendre ses fonctions à la banque centrale du Liban.
Sollicité, le PNF n'était pas disponible dans l'immédiat pour un commentaire.
Le Liban a ouvert sa propre enquête en avril à la suite d'une demande des autorités judiciaires helvétiques, selon lesquelles plus de 300 millions de dollars auraient été détournés de la banque centrale par l'intermédiaire d'une société appartenant au frère de Riad Salamé.
Interrogé alors par Reuters, Riad Salamé n'avait pas fait de commentaire sur l'ouverture de cette enquête et les opérations réalisées dans ce cadre, notamment la mise sous scellés du bureau de son frère et la confiscation de dossiers.
Le Liban est plongé dans sa crise la plus profonde, au niveau politique et économique, depuis la guerre civile de 1975-1990, sur fond de défiance à l'égard des élites, accusées de corruption.
(Jean-Michel Bélot et Laurence Frost à Paris, avec la contribution de Laila Bassam à Beyrouth)