Par Laura Sanchez
Investing.com - Les marchés européens sont dans le vert mercredi -Ibex 35, CAC 40, DAX... - en attendant l'événement macroéconomique du jour : la décision sur les taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) que nous connaîtrons à 20h00 heure française.
Les experts ont déjà joué leurs cartes.
Franck Dixmier, Global Chief Investment Officer for Fixed Income chez Allianz (ETR :ALVG) Global Investors, explique qu'"après plus d'un an de hausse des taux d'intérêt, nous pensons que le cycle actuel de hausse de la Fed touche à sa fin".
"Une hausse des taux de 25 points de base lors de cette réunion du FOMC pourrait s'accompagner d'une pause dans le resserrement qui devrait servir de point d'inflexion. Les marchés anticipent cette hausse. Mais ce qui se passera ensuite est moins certain", ajoute-t-il.
"Nous pensons qu'il est plus probable que la Fed modifie ses prévisions, passant de 'quelques resserrements supplémentaires' à quelque chose comme 'des resserrements supplémentaires', ce qui leur permettrait de signaler une pause, tout en maintenant un biais en faveur du resserrement. Nous pensons que le président Powell aura du mal à trouver l'équilibre lors de la conférence de presse, mais en fin de compte, nous pensons qu'il s'agira d'une pause hawkish", explique Tiffany (NYSE :TIF) Wilding, économiste chez PIMCO.
Les clés de la pause potentielle
Pour Dixmier, les dernières données économiques américaines ne facilitent pas la tâche de la Fed. "L'activité ralentit sensiblement, comme le montre le chiffre de la croissance du PIB au premier trimestre, qui est ressorti inférieur aux attentes, à un taux annuel de +1,1% en glissement trimestriel. Mais l'inflation sous-jacente, mesurée par la consommation des ménages hors alimentation et énergie (dépenses de consommation personnelles sous-jacentes), a surpris en continuant à augmenter. L'inflation de base a atteint +4,9 % en glissement annuel au premier trimestre, contre +4,4 % au trimestre précédent et +4,7 % comme prévu", explique-t-il.
"Ce niveau est encore loin de l'objectif de stabilité des prix de la banque centrale. La persistance de niveaux d'inflation élevés devrait renforcer la conviction de la Fed quant à la nécessité de poursuivre le resserrement des conditions monétaires", souligne M. Dixmier.
"Le plein impact des retombées des tensions dans le secteur bancaire est incertain, tandis que l'inflation et les salaires semblent stables depuis la réunion de mars du Federal Open Market Committee (FOMC). Le comité est donc plus divisé sur la prochaine action de la Fed que ce n'était le cas depuis plusieurs trimestres. Par conséquent, nous pensons que le compromis le plus probable est d'établir une pause qui laisse le temps d'évaluer l'impact, mais qui est conditionnée par de nouvelles données et qui maintient une tendance à la hausse", note Wilding de PIMCO.
Selon M. Dixmier, "dans son évaluation de la dynamique de l'inflation, la Fed devra prendre en compte le resserrement des conditions de crédit suite aux difficultés des banques régionales américaines. Le stress des banques régionales devrait se traduire par une contraction significative des prêts bancaires à l'économie dans les mois à venir. Nous pensons donc que la Fed pourrait également annoncer une pause dans les hausses de taux afin de se donner le temps d'évaluer plus précisément les conséquences des hausses précédentes sur la demande, et notamment l'impact du stress bancaire régional sur l'offre de crédit".
"La principale question pour les marchés est de savoir s'il s'agit d'une pause temporaire ou d'un véritable tournant dans la politique monétaire américaine. Compte tenu des tendances macroéconomiques mentionnées ci-dessus, nous opterions pour un véritable pivot de la Fed - non annoncé comme tel - avec un taux terminal de 5,25%", note cet expert.