PARIS (Reuters) - Le site d'information en ligne russe Newsru a annoncé lundi sa fermeture pour des raisons économiques, affirmant que les annonceurs le boudaient car ses articles ne suivaient pas la ligne des médias pro-Kremlin.
Si ces derniers dominent le paysage télévisuel russe, l'information en ligne et dans la presse écrite est un peu plus pluraliste, même si de récentes décisions politiques ont conduit à qualifier certains de ces médias d'"agents de l'étranger", une mesure qui dissuade les annonceurs comme les lecteurs.
Parmi les médias récemment qualifiés d'"agents de l'étrangers" figurent le radiodiffuseur américain Radio Free Europe/Radio Liberty, le portail Meduza et le site d'information VTimes.
Newsru, qui a principalement fonctionné comme un agrégateur d'informations ces dernières années, a déclaré qu'il n'était plus économiquement possible pour lui de poursuivre ses activités.
"Nous arrêtons de travailler pour des raisons économiques, mais elles sont provoquées par la situation politique du pays", a écrit Newsru dans un mot d'adieu à ses lecteurs sur son site web.
Le site, créé en 2000 lorsque le président Vladimir Poutine entamait son premier mandat au Kremlin, estime que l'année 2014, durant laquelle la politique étrangère russe et la structure de l'économie nationale ont changé de manière spectaculaire, a été un tournant.
En 2014, la Russie a annexé la Crimée à l'Ukraine, provoquant une poussée du sentiment patriotique au niveau national et renvoyant les relations avec l'Occident à leurs niveaux le plus bas d'après-guerre froide.
"Notre vision est devenue si différente de l'image privilégiée par les ressources (médiatiques) de l'État que les principaux annonceurs ont cessé de coopérer avec nous après les événements de 2014, tandis que d'autres ont commencé à être particulièrement méfiants cette année", a déclaré Newsru.
Le Kremlin dément toute action contre les médias indépendants et assure que le paysage médiatique en ligne est dynamique.
Newsru dénonce également la réglementation imposant aux médias russes d'étiqueter toute personne considérée par l'État comme un "extrémiste" ou un "agent étranger" lorsqu'elle est citée dans leurs articles.
"Nous avons dû qualifier d'agents étrangers et d'extrémistes de plus en plus de personnes respectées et de sources d'informations véridiques", a observé Newsru.
(Tom Balmforth, version française Hayat Gazzane)