Wuhan, métropole du centre de la Chine et déjà un pôle majeur pour la production automobile en Chine, va doubler ses capacités en cinq ans, en dépit du fait que le premier marché mondial du secteur connaît depuis l'an dernier un fort ralentissement.
Partenaires du groupe étatique chinois Dongfeng Motor, le français PSA Peugeot Citroën et le japonais Honda sont installés dans une zone industrielle de 200 kilomètres carrés qui abrite plus de 3.000 entreprises, dont environ 300 à capitaux partiellement ou totalement étrangers.
Plus des deux tiers (68%) d'entre elles appartiennent au secteur automobile, selon Zhang Xiaowu, vice-président du Bureau d'investissement et de promotion de la Wuhan Economic and Technological Development Zone.
"Notre objectif est de doubler la production dans la zone en trois ans", ajoute ce responsable.
Il précise qu'une deuxième usine Honda doit ouvrir dans deux mois. PSA s'est pour sa part lancé avec Dongfeng dans la construction d'une troisième usine à Wuhan qui permettra au groupe français d'assembler en Chine 750.000 véhicules par an, voire un million si nécessaire avec des heures supplémentaires.
Sur l'autre rive du fleuve Yangtsé qui borde la zone, General Motors, premier constructeur étranger qui a vendu l'an dernier plus de 2,5 millions de véhicules en Chine, bâtit une nouvelle usine.
"Nous allons facilement doubler le nombre de voitures produites dans la zone qui devrait atteindre 1,8 million de voitures de tourisme produites à Wuhan fin 2015", assure M. Zhang.
La croissance du marché automobile chinois, après avoir dépassé 32% en 2010, est pourtant brutalement retombée à 2,5% l'an dernier, selon l'Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM), une organisation proche du gouvernement.
Pour les voitures de tourisme, elle a quand même atteint 5,2%, voire 10% si l'on exclut les minivans que la CAAM classe dans la même catégorie, explique Klaus Paur, spécialiste du secteur automobile chez Ipsos en Chine.
"Cette expansion de 10% par an signifie un million d'unités de plus par an", d'après cet analyste.
"Avec un marché de véhicules passagers aux alentours de 17 millions en 2015, on a un objectif de 5% de part de marché", soit 850.000 voitures vendues, a déclaré à l'AFP Maxime Picat, directeur général de Dongfeng Peugeot Citroën Automobile, la coentreprise du groupe PSA en Chine.
Wuhan n'est pas, loin s'en faut, la seule ville à connaître un boom de l'automobile. L'intérieur du pays, où la main d'oeuvre est moins chère et le développement du marché est en retard par rapport aux régions côtières, attire de plus en plus les constructeurs étrangers.
Ford s'est installé avec son partenaire Changan à Chongqing (sud-ouest) où il a annoncé début avril un doublement de sa capacité de production dans le pays.
Fiat va également fabriquer à partir du mois de juin son modèle Viaggio à Changsha, dans le centre-sud du pays, ont annoncé lundi au salon de l'automobile de Pékin des responsables du groupe.
Et Volkswagen, qui est déjà fortement implanté y compris dans l'intérieur des terres à Chengdu (sud-ouest), produira bientôt des voitures jusque dans le lointain Xinjiang, à l'extrême ouest du pays.
Toutefois, "il pourrait y avoir une énorme différence entre les capacités annoncées par l'industrie et celles installées sur le terrain", tempère John Zeng, directeur de LMC Automotive consulting, basé à Shanghai.
Mais en dépit du ralentissement du marché, VW et General Motors, les deux premiers groupes internationaux en Chine, restent "confrontés à un manque de capacités" de production dans le pays, selon cet expert.
Nissan, numéro trois sur le marché chinois dont le partenaire est aussi Dongfeng Motor, mise sur le réseau développé par ce dernier pour vendre ses véhicules utilitaires pour conquérir la Chine profonde.
"Le marché de l'intérieur du pays a un énorme potentiel et Dongfeng Motor a un réseau de concessions très solides dans les villes secondaires", selon Shen Li, directrice des relations publiques de la marque japonaise en Chine.