Alexandre de Juniac prend lundi les commandes d'Air France-KLM et prépare de nouvelles mesures pour redresser un groupe qui, malgré ses efforts, traverse encore "une situation épouvantable", selon son prédécesseur.
PDG d'Air France depuis moins de deux ans, cet énarque de 50 ans applique déjà avec succès le plan de redressement Transform 2015 dans la compagnie française, la composante la plus mal en point du groupe franco-néerlandais.
Mais il a annoncé que des efforts supplémentaires seraient nécessaires en septembre. Ce ne seront "pas des mesurettes", a-t-il prévenu.
Pour mieux les faire passer, M. de Juniac a demandé à ne pas être augmenté en devenant PDG du groupe, a indiqué un porte-parole d'Air France. Son successeur, Frédéric Gagey, conservera lui le salaire qu'il touchait jusqu'à présent comme directeur financier d'Air France, a-t-il ajouté.
Transform 2015, appliqué depuis 2012, prévoit une restructuration industrielle, la remise à plat des accords avec les syndicats, et une montée en gamme sur les vols long-courriers pour retrouver le niveau des meilleures compagnies mondiales, une idée forte de M. de Juniac.
Le long-courrier et l'entretien des avions sont des activités bénéficiaires de la compagnie. Par contre, "le moyen courrier souffre de la situation économique européenne qui reste très difficile, et le cargo d'une situation épouvantable en raison de la stagnation du commerce mondial et d'une offre en très forte surcapacité", déclarait vendredi le PDG sortant, Jean-Cyril Spinetta, dans une interview à l'hebdomadaire économique La Tribune.
"La situation économique aujourd'hui est pire que celle que nous envisagions en 2011 lorsque le plan Transform 2015 a été arrêté", soulignait-il.
Le court-courrier est également en difficulté et les "bases de province" risquent d'être passées à la paille de fer, sinon de disparaître.
Cette expérience a consisté à baser à Marseille, Toulouse et Nice des avions et des équipages jusque-là tous concentrés à Paris pour desservir d'autres villes de province, l'étranger proche et Roissy-Charles-de-Gaulle.
Dans une compagnie où les personnels sont réputés coriaces en négociations, Alexandre de Juniac est parvenu à conclure de nouveaux accords avec les différentes catégories de salariés (employés au sol, pilotes, hôtesses et stewards) pour augmenter leur efficacité économique de 20%, en évitant les grandes grèves paralysantes.
Ce fils de diplomate, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère des Finances (2009-juin 2011), a choisi le langage de vérité, exposant en interne comme en externe l'urgence de la situation chez Air France qui perdait des millions d'euros par jour à son arrivée à l'automne 2011. Reste à voir si la méthode continuera à convaincre quand de nouveaux efforts seront exigés.
En attendant, les avertissements de M. Spinetta ont malmené le cours de l'action Air France-KLM, qui a perdu 2,82 % à la clôture de la Bourse de Paris vendredi, à 6,892 euros. Une information du quotidien russe Kommersant, selon laquelle la compagnie russe Aeroflot envisage de quitter l'alliance SkyTeam, dont elle est membre avec Air France-KLM et Delta Air Lines, n'a pas arrangé les choses.
Avant de rejoindre le monde de l'aviation commerciale, Alexandre de Juniac, pianiste passionné et amateur de voile, avait évolué quinze ans dans l'industrie.