L'Allemagne a enregistré en mai un bond surprise du nombre de chômeurs, un coup de froid passager qui inquiète peu les analystes, lesquels soulignent la bonne santé du marché du travail allemand.
Selon des chiffres publiés mercredi par l'Agence pour l'emploi et corrigés des variations saisonnières (CVS), le nombre de demandeurs d'emploi dans le pays a augmenté de 21.000 personnes en mai sur un mois, soit beaucoup plus qu'attendu par les analystes.
Le consensus réalisé par l'agence Dow Jones Newswires pronostiquait une hausse du nombre de chômeurs de 3.000 personnes seulement.
"Il s'agit de la quatrième hausse d'affilée et de la plus forte hausse depuis plus d'un an", a relevé Heinrich Bayer, analyste de Postbank.
Sur un an, ce sont 82.000 demandeurs d'emploi supplémentaires qui ont été recensés en mai.
"La reprise liée au printemps a été dans l'ensemble plus faible que les années précédentes", a commenté dans un communiqué l'Agence pour l'emploi. Mais "le marché allemand se développe de manière robuste dans une conjoncture difficile", a estimé son président, Frank-Jürgen Weise, des propos repris par Paul Beaumont, analyste de Natixis.
Nombre de jours fériés et temps froid incriminés
Selon Carsten Brzeski, économiste de la banque ING, "la faiblesse de la reprise du marché du travail au printemps peut s'expliquer par le nombre relativement élevé de jours fériés en mai et par le temps encore froid".
Le taux de chômage est pour sa part resté stable à 6,9% pour le huitième mois d'affilée, toujours en données CVS.
Quant au taux de chômage brut, il a de nouveau reculé, à 6,8% après 7,1% le mois précédent, portant le nombre de chômeurs sous la barre symbolique des 3 millions, à 2,937 millions de personnes, soit "le plus bas niveau depuis décembre 2012", a salué Carsten Brzeski.
En dépit des "signes de ralentissement" montrés par le marché du travail allemand en mai, "cela va probablement rester un recul temporaire mineur", considère son confrère de Berenberg, Christian Schulz, qui met en avant les très bons fondamentaux du pays.
"L'Allemagne a créé des millions d'emploi depuis les réformes de l'Agenda 2010 lancées en 2004", rappelle-t-il, citant l'exemple du taux d'emploi des 15-64 ans, qui a crû de 65% à 72,8% entre 2004 et 2012 en Allemagne quand il reculait de 71,2% à 66,6% aux Etats-Unis.
Pour Annalisa Piazza, de Newedge, il faut encore s'attendre à "des signes de lente modération du marché du travail alors que l'économie allemande est encore en deçà de son potentiel et que les entreprises ne vont probablement pas revoir leur programmes d'embauche dans un future proche".
Des signaux encourageants ont toutefois été récemment émis par les consommateurs et les chefs d'entreprise, laissant entrevoir une accélération de la croissance allemande dans le courant de l'année après un premier trimestre très faible où le pays a frôlé la récession.
L'Allemagne continue de faire figure d'élève modèle en matière d'emploi dans la zone euro, région où le chômage a enregistré en mars un nouveau record absolu, à savoir 12,1% de la population active. Le chiffre du mois d'avril sera publié vendredi.