Alstom a annoncé mercredi au moins 1.300 suppressions de postes dans le cadre d'un plan d'"accélération" de ses économies, et un nouveau plan de cession dont la vente envisagée d'une partie de sa branche emblématique de construction ferroviaire.
De sources concordantes, une centaine de postes sont concernés en France par ces suppressions d'emplois.
Justifiant ce "plan d'action" par un "scénario de faible croissance", le constructeur du TGV a précisé que ces coupes dans les effectifs, concernaient son activité principale des centrales électriques ("Thermal Power"), ainsi que les services administratifs et informatiques.
Le PDG Patrick Kron a averti qu'il n'excluait pas d'autres suppressions d'emplois, alors qu'Alstom a augmenté mercredi de 50 millions d'euros sa prévision de coûts de restructurations annuels.
"Les 1.300 postes dont je parle concernent un certain nombre d'activités d'Alstom Thermal Power, l'informatique et les coûts centraux. Ce sont des programmes qui ont été engagés il y a quelques semaines et qui sont en cours de réalisation", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse téléphonique.
"Est ce qu'il y en aura d'autres? On verra. Je ne veux certainement pas vous les annoncer avant d'en parler avec les partenaires sociaux, mais nous allons ajuster notre outil industriel où et quand il faut, au rythme correspondant à nos besoins", a ajouté M. Kron.
Le PDG a refusé d'être plus précis quant aux pays concernés mais a indiqué que les 1.300 postes visés se trouvaient "pour l'essentiel en Europe".
A la sortie du conseil des ministres, Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a néanmoins assuré que ce plan "n'aura pas d'impact en France", où Alstom emploie 18.000 personnes.
Alstom a pour sa part indiqué que l'impact serait "minime". Mais selon le syndicat CFE-CGC, il concerne tout de même "une centaine de postes" en France, dans l'informatique.
Les gros bataillons européens d'Alstom (93.000 employés dans le monde) hors de France se trouvent en Allemagne (9.000 personnes), au Royaume-uni (6.500) et en Suisse (6.400, dont une part importante dans la division Thermal Power).
Alstom vise désormais quelque 1,5 milliard d'euros de baisse de coûts par an d'ici 2016, avec des économies qui ne se limitent pas à des suppressions de postes.
Avertissement interne cet été
Le plan annoncé mercredi ne s'arrête pas là: le groupe a également lancé un programme de cession d'actifs visant à générer, d'ici fin 2014, 1 à 2 milliards d'euros, "par la cession envisagée d'une participation minoritaire dans Alstom Transport", ainsi que par "la vente d'actifs non-stratégiques".
"Je ne sais pas vous dire si on va vendre 20, 30% (d'Alstom Transport), peu importe, et encore moins vous donner le prix, mais nous avons le temps et nous allons engager ce processus avec l'ensemble des acteurs concernés", a déclaré M. Kron.
L'entrée au capital pourrait venir de "partenaires industriels" ou de "partenaires financiers".
Actuellement, Alstom détient 100% de toutes ses branches, dont le transport. Bouygues est l'actionnaire de référence du groupe industriel avec une part de 29,4%, le reste se partageant essentiellement entre investisseurs institutionnels (63,3%).
Hors de question en revanche pour trouver de l'argent frais de procéder à une augmentation de capital, "un sujet qui n'est pas sur la table parce que nous n'en avons pas besoin", a dit M. Kron.
Les résultats du premier semestre décalé (avril-septembre), s'ils se traduisent par une chute des commandes (-22% à 9,43 milliards d'euros), traduisent une amélioration de l'activité au deuxième trimestre, a souligné Alstom.
Alstom a vu son bénéfice net reculer de 3% à 375 millions d'euros, tandis que le chiffre d'affaires est resté quasi stable (-0,2%) à 9,73 milliards, soit des résultats légèrement meilleurs qu'attendus.
La marge opérationnelle affiche elle un recul limité, à 7,1%, contre 7,2% au premier semestre 2012-2013.
Alstom a d'ailleurs maintenu ses prévisions d'une croissance organique "modeste" avec une marge opérationnelle stable sur l'exercice. Le flux de trésorerie libre, bien que négatif de 511 millions d'euros au premier semestre, devrait rester positif.
L'ensemble de ces annonces a été saluée en Bourse et l'action Alstom a terminé sur une très forte hausse (+6,46%), à 28,84 euros.
Début septembre, le Journal du Dimanche avait cité une lettre envoyée en interne par M. Kron jugeant "indispensables" des "actions rapides et décisives, même si elles sont douloureuses".