Après la sécheresse, les agriculteurs sont confrontés à une pluie persistante, bénéfique pour certaines cultures comme le maïs mais qui risque d'altérer la qualité d'autres productions comme le blé dont une grande partie n'a pu être encore moissonnée.
"Tout le monde s'attendait à une récolte précoce mais en raison des pluies tombées en juillet, la moisson de blé a pris du retard", explique Gautier Le Molgat, consultant chez Agritel, cabinet spécialisé dans les matières premières agricoles.
"Il reste encore une bonne moitié à récolter", précise Pascal Hurbault, responsable de la communication à l'Association générale des producteurs de blé (AGPB), la production phare de l'agriculture française.
Selon lui, les moissonneuses-batteuses, à l'arrêt depuis une dizaine de jours, devraient reprendre du service d'ici la fin de semaine avec un retour du soleil.
Sauf sécheresse extrême comme en Poitou-Charentes, le blé n'a pas trop souffert du manque de précipitations. C'est plutôt la pluie qui a commencé à tomber, alors que la moisson avait déjà débuté, qui risque d'altérer la qualité de la récolte. Surtout celle destinée à la meunerie, relèvent les spécialistes.
M. Hurbault reconnaît que des "points d'interrogation" planent sur l'état des grains de blé.
"La récolte a débuté sur des qualités parfaites mais la qualité sera dégradée à la reprise des moissons", affirme Benoît Labouille, directeur général du cabinet Offre et Demande agricole. Et pour lui, la seule question "est de savoir à quelle hauteur?".
Certaines régions comme l'Eure-et-Loir, la Champagne-Ardenne, ou encore la Bourgogne présentent un "risque", selon lui.
Dans ces zones, la moisson a été arrêtée alors que le blé était déjà arrivé à maturation. La situation devrait être plus favorable dans des régions plus au nord, Picardie et Lorraine, par exemple.
Malgré la sécheresse de ce printemps, les grandes cultures, à l'exception de l'orge, devraient atteindre des rendements meilleurs que prévu.
La production de blé est estimée à plus de 32 millions de tonnes, soit une baisse de seulement 10% par rapport à 2010.
En tout cas, la récolte 2011 devrait être bien supérieure à celle de 2003, année de la canicule (à peine plus de 29 millions de tonnes), rappelle FranceAgrimer. La France est le premier producteur européen de blé.
La vraie "grande et bonne surprise" vient du colza, cette plante jaune, transformée en huile et qui alimente aussi les réservoirs des voitures diesels.
Les agriculteurs s'attendaient à une "catastrophe", or les rendements devraient être stables. Avec une production attendue de 5 millions de tonnes, la France dispute à l'Allemagne la place de leader sur cette culture.
Deux autres productions dans lesquelles la France est encore premier producteur européen profitent à plein des pluies. C'est le cas du tournesol qui sera ramassé en septembre et du maïs dont la récolte est plus tardive (octobre/novembre).
Les éleveurs sont eux toujours à la peine. Principales victimes de la sécheresse, nombre d'entre eux ont perdu jusqu'à 50%, voire 70% de leur fourrage, affirme Pierre Chevalier, président de la fédération nationale bovine (FNB).
"La pluie a reverdi les champs mais n'a pas suffi à relancer la pousse de l'herbe que le bétail s'empresse d'ailleurs de manger dès son apparition", constate-t-il.
Mais les précipitations plus clémentes ont redonné "espoir" aux éleveurs, selon M. Chevalier qui fait état d'une baisse du rythme d'abattage des bovins qui avait culminé pendant la sécheresse.