Traversant la crise économique avec moins de dégâts que prévu, ArcelorMittal est parvenu à rester bénéficiaire en 2009, au prix d'une gestion serrée et d'une lourde réduction d'effectifs, et 2010 devrait continuer à voir un redressement progressif du géant de l'acier.
En 2009, le groupe, basé au Luxembourg, a enregistré un bénéfice net de 118 millions de dollars, a-t-il annoncé mercredi. C'est un véritable effondrement par rapport au bénéfice de 9,4 milliards de dollars de 2008, avant la crise. Mais, au vu des lourdes pertes de début d'année quand la demande en acier s'effondrait, c'est une bonne surprise. Les analystes tablaient plutôt sur un exercice déficitaire.
Stigmate de la crise, le chiffre d'affaires a quasiment été divisé par deux à 65,1 milliards de dollars.
Depuis l'été, la demande est au fur et à mesure remontée et les prix aussi, tirés pour beaucoup par la Chine, de très loin le premier marché sidérurgique. Les industriels ont également reconstitué des stocks, ce qui a pu gonfler en partie artificiellement les commandes d'acier.
ArcelorMittal était redevenu bénéficiaire dès le troisième trimestre, mais ses performances se sont encore nettement améliorées au quatrième trimestre, avec 1,07 milliard de dollars de bénéfices.
Avec la relance de plusieurs hauts fourneaux, notamment en France, en Belgique et en Allemagne, les usines d'ArcelorMittal tournent désormais à 70% de leurs capacités, contre moins de 50% au plus fort de la crise. Ce taux devrait monter à 75% au premier trimestre 2010.
"Nos clients demandent davantage d'acier, pas suffisamment pour utiliser les usines à plein, mais davantage que ce que nous produisons actuellement", a expliqué Aditya Mittal, le directeur financier.
Douchant tout espoir d'un redressement rapide du marché sidérurgique, l'emblématique patron du groupe, Lakshmi Mittal, a averti que 2010 serait encore "difficile" et que la reprise serait "lente et progressive".
Si la demande devrait encore s'améliorer, ArcelorMittal attend une "légère baisse" des prix, ce qui devrait peser sur ses performances opérationnelles et l'a amené à être prudent dans ses prévisions pour le premier trimestre. L'attente d'un résultat brut d'exploitation (EBITDA) entre 1,8 et 2,2 milliard de dollars a été jugée "très décevante" par les analystes de la Société Générale.
Cela pesait nettement sur l'action du sidérurgiste, qui chutait de 4,90% à 27,19 euros vers 13H05 dans un marché parisien en hausse de 1,37%.
Pendant tout 2009, la direction d'ArcelorMittal s'est focalisée sur l'amélioration de son bilan financier. La priorité a été à la réduction de la dette, abaissée à 18,8 milliards de dollars fin décembre, et à un abaissement des coûts de 2,7 milliards de dollars.
Mais cela s'est fait au prix d'une lourde restructuration, puisque l'effectif mondial a fondu, via un vaste plan de départs volontaires, de 34.000 à 282.000 salariés.
Sortant un peu de ce mode de gestion de crise, ArcelorMittal veut désormais repartir à la conquête du marché sidérurgique. Ses dépenses d'investissement seront augmentées de 43% à 4 milliards de dollars en 2010. Si cette enveloppe servira essentiellement à la maintenance de ses usines, le groupe a également des projets d'expansion dans les mines, afin d'accroître son autosuffisance en matières premières, et dans les marchés émergents, notamment en Inde et au Brésil. "La crise a renforcé l'importance des économies émergentes", a souligné Lakshmi Mittal.