ArcelorMittal a repoussé mardi à l'été toute décision sur la relance des hauts-fourneaux de Florange (Moselle), suspendue à "l'environnement économique", un discours qui a suscité la déception des syndicats inquiets pour l'avenir du site lorrain.
Le numéro un mondial de la sidérurgie, basé à Luxembourg, a fait valoir lors de son assemblée générale qu'il avait pour l'heure "assez de capacités" de production pour répondre à la demande d'acier "sans utiliser Florange".
"En fonction de l'environnement économique, nous déciderons de rouvrir Florange", a déclaré son PDG Lakshmi Mittal devant les actionnaires.
"Certains croient que nous ne le ferons pas, mais nous investissons 17 millions d'euros sur Florange", a-t-il souligné pour tenter de rassurer sur les intentions du groupe.
"Nous prendrons une décision pendant l'été", a indiqué son fils et directeur financier, Aditya Mittal.
Affirmant que la demande en acier est insuffisante pour faire tourner toutes ses usines, ArcelorMittal a mis en veille depuis des mois plusieurs hauts fourneaux européens, dont ceux de Florange, et décidé de la fermeture définitive de deux autres à Liège, en Belgique.
En début d'année, le groupe avait dit qu'il réévaluerait la situation en Lorraine dans la deuxième quinzaine de mai.
Une centaine de métallurgistes, essentiellement venus de Florange, ont bruyamment manifesté mardi devant le siège d'ArcelorMittal. Une délégation syndicale a été reçue pendant l'assemblée générale par Henri Blaffart, vice-président pour les aciers plats en Europe, et Willie Smit, le directeur des ressources humaines.
"Les installations de Florange qui sont temporairement à l'arrêt redémarreront dès que les conditions de marché le permettront", a affirmé M. Blaffart dans une déclaration écrite à l'issue de la rencontre.
"Nous savons tous que l'Europe connaît aujourd'hui une période de récession et qu'aucun redressement rapide n'est prévu à ce jour", a-t-il ajouté, assurant "veiller sur la situation de chacun des 500 salariés impactés".
Mais ce discours et les propos tenus devant les actionnaires n'ont en rien rassuré les représentants du personnel, qui ont évoqué un "dialogue de sourds".
"C'est la réponse que l'on nous fait depuis des mois alors que nous espérions avoir quelque chose de plus concret", a expliqué Jacques Minet, secrétaire CFDT de Florange. "Clairement, il n'y a pas de volonté de faire redémarrer", a-t-il accusé, "déçu par la langue de bois" du groupe.
Le responsable de la CGT, Jean Mangin, a pour sa part dénoncé un "mépris" de Lakshmi Mittal, qui "n'a pas l'honnêteté de venir nous voir (...) alors qu'il prône le dialogue social".
ArcelorMittal "cherche la rentabilité à très court terme au détriment de l'aspect humain", a-t-il ajouté, accusant le groupe "d'orchestrer une fermeture définitive" de Florange.
Malgré les difficultés actuelles, Lakshmi Mittal a affirmé pour sa part, devant les actionnaires, que l'Europe demeurait très importante pour son groupe. "Nous allons continuer à investir et à maintenir nos actifs existants, à l'exception de ceux que nous jugeons non-stratégiques", a-t-il déclaré.
Le groupe a légèrement revu à la baisse sa prévision de croissance de la consommation apparente d'acier dans le monde pour 2012, tablant désormais sur une hausse de 4% à 4,5%, alors qu'il tablait en février sur une hausse de 4,5% à 5%.
Le patron d'ArcelorMittal a par ailleurs défendu devant les actionnaires sa stratégie d'accroître son activité minière, estimant qu'il n'y avait plus d'opportunité de croître dans l'industrie sidérurgique.
"Nous allons continuer à investir dans les mines et maintenir nos actifs sidérurgiques", a déclaré Lakshmi Mittal, assurant que le groupe ne perdait pas pour autant de parts de marché dans l'acier ni en Europe ni aux Etats-Unis.