L'appétit pour le risque est au zénith sur les marchés obligataires comme en témoigne la ruée sur le 'high yield' (dettes à haut rendement) observée la semaine dernière avec 3Mds$ de souscription nette selon Bank of America.
La vague de décrue historique des rendements se poursuit ce lundi avec du 2,230% sur les 'bonos' espagnols (soit -16Pts de base) qui creusent l'écart avec les BTP italiens (2,4550%, soit -12Pts de base).
Mais le plus étourdissant, c'est le record de baisse du taux de refinancement de la France au moment de l'annonce de la dissolution du gouvernement français vers 9H45 ce matin, avec une chute de 6 à 7Pts de base de l'OAT 2024 à 1,26%... soit un record absolu et une division par 2 depuis juillet 2013 quand l'OAT flirtait avec les 2,60%.
Les marchés interprètent le remaniement ministériel qui s'enclenche comme la preuve du triomphe de la ligne Hollande/Valls qui prône la rigueur alors que la politique de la demande (et du soutien du pouvoir d'achat) est écartée, ainsi que ceux qui soutenaient cette stratégie, partant du constat que la politique d'austérité a échoué à relancer la croissance et résorber le chômage.
Mais si le but du gouvernement est de rassurer coûte que coûte les marchés -même si la situation économique reste affligeante-, alors la rigueur aurait apparemment porté ses fruits.
Mais les taux longs ne baissent-ils pas partout dans le monde et de façon synchrone, quel que soit le degré de rigueur adopté ?
Le Bund allemand affiche 0,9330% ce lundi (-6Pts de base) alors que l'IFO s'avère très décevant à 106,3 contre 108 en juillet: le baromètre du moral des chefs d'entreprises était attendu à 107.
Mais rien ne vaut une bonne 'mauvaise nouvelle' dans le climat post Jackson Hole où les promesses de largesses monétaires semblent la seule réponse des banques centrales à une conjoncture qui déçoit les attentes.
Plus c'est mauvais pour l'économie réelle, plus les chances de nouvelles injections s'accroissent, plus les perspectives de hausse de taux -que le marché a en horreur- sont repoussées aux calendes grecques.
Il a suffi que les ventes de logements neufs aux Etats Unis reculent de -2,4% en juillet (contre une stabilité anticipée à 221.000 en rythme annuel) pour que les T-Bonds US se détendent vers 2,3850% tandis que le 'S&P' célèbre cette dégradation du secteur immobilier par l'inscription d'un score de 2.000 sur le 'S&P'.
Pour en revenir à la France, l'agence France-Trésor a placé ce matin pour 7,98MdsE d'emprunts 3, 6 et 12 mois à un taux unique et négatif de -0,004%.
Cela coûte désormais de l'argent de prêter à un pays qui n'a pas de croissance, plus de dettes que prévu... et même plus de gouvernement !
Les spécialistes attribuent cette situation ubuesque aux 'propos accommodants' tenus par Mario Draghi vendredi dernier depuis la réunion de Jackson Hole.
Le principe d'une vague de rachat de créances titrisées par la BCE semble acquis d'ici fin 2014 ... et même si 'ça ne marche toujours pas' -ni aux USA ni au Japon- cela fera plus de liquidités pour les banques, et c'est bien tout ce qui compte aux yeux des marchés.
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