Pressé de recueillir des contreparties aux 40 milliards accordés aux entreprises dans le cadre du Pacte de responsabilité, le Premier ministre Manuel Valls dit espérer des accords dans des branches représentant plus de la moitié des salariés d'ici à la fin de l'année.
A ce jour, le Medef et le gouvernement affichent sept accords signés ou ouverts à la signature, dont six dans les 50 plus grandes branches. Ces accords, peu ambitieux en matière de créations d'emploi nettes, concernent environ 2,5 millions de salariés.
Il y a en France 18 millions de salariés dans le privé, dont 11,4 millions travaillent dans 50 branches principales, particulièrement suivies par le ministère du Travail.
Etat des lieux des discussions.
Les branches qui ont conclu
- Métallurgie (1,6 million de salariés): objectif de 46.000 alternants d'ici 2020 et 10% de femmes apprenties.
- Propreté (360.000): un simple "relevé de conclusions" a été signé sur cinq thèmes de négociation. Pour l'instant, le seul accord officiellement conclu concerne les contrats de génération: la FEP (fédération patronale) s'engage notamment à atteindre 4.900 alternants en 2015 (30% de plus qu'en 2013).
- Chimie (225.000): Cette branche fut la première, en juillet, à s'engager. Elle ambitionne 47.000 créations d'emplois d'ici à 2017 (supérieur aux 39.000 embauches annuelles dans la branche, selon le patronat). Autre objectif: 2.000 apprentis supplémentaires par an.
- Assurances (141.000): embauche visée de 38.000 personnes d'ici à 2017. Engagement à recruter davantage d'alternants pour "porter leur nombre à 5.000 en 2017", selon la CFDT, et à transformer "au moins 20%" des contrats d'alternance en CDI. La CFDT, majoritaire, s'est engagée à signer cette semaine.
- Industries textile (69.000): l'Union patronale s'engage à recruter 2.500 jeunes en trois ans (contrats de qualification et apprentissage), soit une hausse de 10%. Mais à la demande d'une majorité de syndicats, les négociations ne s'inscrivent pas expressément dans le cadre du Pacte.
- Carrières et matériaux (67.000): objectif de 8.600 emplois sur trois ans, soit une "légère" création nette de postes dans cette branche, selon la CFDT de la construction.
Là ou on discute encore, un peu... ou pas du tout
Au dernier point officiel, le 4 novembre, la majorité des 50 principales branches n'avait toujours pas planifié de négociation. Mais "depuis un mois, ça bouge, les discussions s’accélèrent", assure le ministère du Travail, qui évoque une "dynamique forte". Le prochain "relevé des compteurs" sera fait début janvier.
Parmi les branches qui "bougent", le ministère cite le bâtiment (1,1 million de salariés), les banques (266.000), les télécommunications (87.000), l'industrie pharmaceutique (130.000), la restauration rapide (146.000), les industries de labeur (61.000) et la branche des Bureaux d'étude technique baptisée Syntec (757.000 salariés).
Dans cette dernière branche, les discussions sont "pratiquement au point mort", selon la CFTC, mais "pas rompues", selon la CFDT.
Dans les banques, elles doivent reprendre le 19 décembre, le patronat proposait en octobre un objectif de 40 à 42.000 recrutements (contrats en alternance inclus).
Dans les transports routiers (655.000), le patronat a présenté un texte dans lequel il s'engage à maintenir le niveau d'emploi.
Négoce de matériau de construction (65.300): les discussions sont engagées.
D'autres grandes branches sont à la traîne: la plus grosse branche du commerce (commerce de détail et gros à prédominance alimentaire 660.000 employés), les Hôtels-Cafés-Restaurants (593.000), le travail temporaire (562.000), les services de l'automobile (432.000) et les travaux publics (314.000).
Six autres branches sont toujours réfractaires à une discussion: experts-comptables, cabinets médicaux, établissements d'enseignement privé, concierges et employés d'immeubles, pharmacies d'officine et restauration de collectivités.
Hors de ce top 50, le Medef compte un septième accord, en voie de signature, dans les transports urbains (50.000 salariés, hors RATP). Les syndicats ont jusqu'à mercredi pour répondre à la proposition du patronat (1.200 CDI sur trois ans et 380 salariés en alternance par an jusqu’en 2017).