PARIS (Reuters) - Les partenaires sociaux ne doivent rien s'interdire pour sauver les retraites complémentaires, a déclaré le premier président de la Cour des comptes, jeudi, lors de la présentation d'un rapport alarmant.
Syndicats et organisations patronales gestionnaires de l'Agirc et de l'Arrco engageront début 2015 de nouvelles négociations délicates pour éviter l'épuisement de leurs réserves à brève échéance.
"La situation est telle que tous les leviers disponibles doivent être étudiés, si délicats soient-ils", a déclaré Didier Migaud lors d'une conférence de presse.
"On ne doit rien s'interdire et on doit tout regarder", a-t-il ajouté, précisant que l'effort devrait vraisemblablement être partagé par les salariés, les employeurs et les retraités, tout en précisant qu'il revenait aux partenaires sociaux de choisir la "combinaison des leviers" à actionner.
Les trois leviers traditionnels sont le taux de cotisation, l'évolution des pensions versées et d'éventuelles mesures d'âge.
Concernant la durée de cotisation et l'âge de liquidation des retraites complémentaires, l'Agirc et l'Arcco se calent traditionnellement sur le régime de base.
Mais pour la Cour des comptes, "une déconnexion avec les conditions de départ en retraite en vigueur pour le régime général ne devrait pas être exclue de l'examen des leviers possibles", a déclaré Didier Migaud.
La Cour a notamment étudié la combinaison d'un recul d'un ou deux ans de l'âge moyen de départ à la retraite des salariés affiliés à l'Agirc et à l'Arrco, combiné à une sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation jusqu'en 2018 ou 2020 et à une hausse plus ou moins prononcée des cotisations.
Elle estime que les partenaires sociaux devraient aussi étudier la remise en cause de la "clause plancher" instaurée en 2013, qui prévoit de ne sous-indexer les pensions que si cela n'entraîne pas de baisse de leur montant nominal.
Elle juge en revanche les marges de relèvement des cotisations limitées, en raison de la situation économique et des mesures déjà adoptées par l'Etat pour le régime général.
La Cour juge par ailleurs inévitable une solidarité accru de l'Arrco vis-à-vis de l'Agirc, au-delà du transfert d'un milliard d'euros par an qui a déjà cours. Elle préconise également une fusion des deux régimes à brève échéance, ainsi que des économies de gestion de l'ordre de 25% d'ici 2020.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)