PARIS (Reuters) - La séance de cotation du marché du porc breton (MPB) reprendra mardi après deux annulations, en l'absence toutefois de deux grands industriels du secteur, a annoncé lundi son président à l'issue d'une table ronde au ministère de l'Agriculture sur fond de bras de fer entre éleveurs et industriels.
Les groupes Cooperl et Bigard, qui ont boycotté la semaine dernière les séances ordinaires de cotation de Plérin (Côtes d'Armor), qui fixent le prix de référence du porc français, et où quelque 60.000 porcs sont vendus chaque semaine, étaient absents de la réunion organisée ce lundi.
Ils jugent intenable, face à la concurrence étrangère, le cours de 1,40 euro le kilo arrêté en juin via un accord entre industriels, grande distribution et syndicats agricoles.
La coopérative Cooperl, qui souhaite un retour à un prix de marché libre, souligne que le tarif fixé par l'Etat français est supérieur de 0,28 euro au cours allemand et de 0,38 euro au cours hollandais.
"À l'heure où l'on vous parle, Cooperl et Bigard ne reviennent pas", a déclaré lundi à la presse Daniel Picart, président du marché du porc breton, à l'issue de la table ronde organisée au ministère.
"Nous tiendrons un marché, nous affecterons les quotas à Cooperl et Bigard", a-t-il ajouté. "Ce marché est la meilleure protection pour tous les éleveurs."
"La mécanique du marché peut faire descendre le prix en-dessous d'1,40 euro", a-t-il poursuivi. "Maintenant, ce n'est ni le souhait du marché, ni le souhait de toutes les personnes autour de la table aujourd'hui, donc je ne pense pas que ce seuil soit percé par le bas."
Les deux grands absents de lundi seront reçus séparément au ministère de l'Agriculture mardi et mercredi. Bigard s'est refusé à tout commentaire, et personne n'était joignable chez Cooperl.
EMBARGO RUSSE
"Le problème qui était posé, c'est celui du fonctionnement du cadran, et cette réunion était importante parce qu'on a pu faire le point avec les autres acteurs (...) qui eux ont considéré qu'à partir du moment où on avait eu cette discussion ensemble, on pouvait reprendre les cotations", a déclaré Stéphane Le Foll lors d'un point presse.
"D'un commun accord, tout le monde a considéré qu'il y avait la nécessité d'avoir un marché du cadran (...) et d'un commun accord (...) (il) a été convenu qu'en même temps il y avait nécessité à voir comment on pouvait faire évoluer cette cotation", a ajouté le ministre de l'Agriculture.
Guillaume Roué, président de l'interprofession porcine Inaporc, a estimé qu'un "certain nombre de pistes" se dégageaient à l'issue de cette table ronde.
Des discussions vont s'engager dès la semaine prochaine pour faire évoluer le système de fixation des prix du porc et évoquer la contractualisation, a-t-il notamment indiqué.
Une réunion aura lieu le 27 août à ce sujet, a précisé Stéphane Le Foll.
Trois rendez-vous précéderont par ailleurs un conseil européen de l'Agriculture le 7 septembre prochain, a dit le ministre de l'Agriculture : un entretien téléphonique avec le commissaire européen mardi, un sommet à Madrid avec l'Italie, l'Espagne et le Portugal et un sommet à Berlin avec ses homologues allemand et polonais.
Le sujet de l'embargo russe, "sur lequel on doit trouver des solutions", sera notamment évoqué, a indiqué Stéphane Le Foll.
Les cours du porc en Europe se sont effondrés avec l'embargo décrété par la Russie en janvier 2014 sur les produits agroalimentaires venant d'Europe en représailles aux sanctions européennes liées à la crise ukrainienne, provoquant une désorganisation du marché européen.
Plus de 100.000 tonnes de porc restent "liées à la perte du marché russe", selon le ministre.
(Marine Pennetier, Gus Trompiz et Chine Labbé, édité par Tangi Salaün)