Les grandes places boursières asiatiques, en particulier Shanghai, ont continué de dégringoler mardi, au lendemain d'une journée noire, tandis que l'Europe rebondissait, dans un contexte de vives inquiétudes sur l'état de santé de l'économie chinoise.
L'indice composite shanghaïen a terminé en baisse de 7,63% à 2.964,97 points. De son côté, la Bourse de Shenzhen a perdu 7,09%, à 1.749,07 points.
La place shanghaïenne prolongeait la débâcle des dernières séances: elle s'était déjà effondrée lundi de 8,49%, sa plus forte baisse journalière en huit ans, après avoir abandonné quelque 11% la semaine dernière.
La Bourse de Shanghai a désormais effacé tous ses gains de l'année, s'enfonçant sous son niveau du 31 décembre 2014.
La déroute des places chinoises, avivant les doutes sur la santé de la deuxième économie mondiale, a largement alimenté lundi une journée noire pour les marchés financiers mondiaux, qui se sont écroulés de concert dans un climat de panique générale.
Les autres grands marchés asiatiques se sont repris quelque peu mardi avant de replonger. Tokyo a clôturé en baisse de près de 4%, au plus bas en six mois et Hong Kong perdait 0,37% en séance.
En revanche, Séoul finissait la journée sur un gain de 0,92% et Sydney de 2,72%.
De même, les Bourses européennes retrouvaient des forces et rebondissaient à l'ouverture. Francfort prenait 1,31%, Paris 1,89%, Londres 1,30%, Madrid 0,96% et Milan 1,39%.
Pour le courtier Aurel BGC, "les indices européens et américains devraient rebondir à court terme".
Selon lui, "si le ralentissement de l'économie chinoise n'est pas discutable, le scénario de +hard landing+ (atterrissage brutal, ndlr) est en revanche beaucoup plus hypothétique".
De leur côté, les cours des matières premières se ressaisissaient après leur accès de faiblesse de la veille, le prix du pétrole progressant notablement.
Les différents marchés tentaient de relativiser les inquiétudes liées à la déroute des Bourses chinoises.
"Il y a eu une réaction excessive des investisseurs aux risques économiques en Chine", soulignaient les experts du cabinet Capital Economics.
Alors que les Bourses ne captent qu'une toute petite partie de l'épargne des ménages chinois, "l'éclatement de la bulle boursière ne nous dit quasiment rien sur l'état de l'économie chinoise", ont-ils averti.
- "Ils ont perdu toute confiance" -
A Shanghai et Shenzhen, les cours continuaient de chuter.
"Les investisseurs (chinois) paniquent et vendent tous azimuts. Ils ont perdu toute confiance, et il y a de la marge pour que le marché dégringole encore", commentait Wei Wei, analyste du courtier Huaxi Securities.
D'autant que le tableau économique ne cesse de s'assombrir, au fil d'indicateurs décevants.
La dévaluation soudaine du yuan il y a deux semaines --largement perçue comme un effort de Pékin pour doper la compétitivité de ses exportations-- a renforcé la nervosité.
Un indice manufacturier de référence publié vendredi, tombé à son plus bas niveau en six ans et signalant une violente contraction de l'activité manufacturière chinoise en août, n'a rien fait pour rassurer.
Et après des interventions répétées du gouvernement depuis fin juin pour stabiliser les Bourses --notamment via des achats massifs de titres par des organismes publics--, les investisseurs redoutent désormais de voir les autorités retirer prématurément leur soutien.
S'efforçant de rassurer, Pékin a certes annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension chinois allait investir une partie de ses actifs colossaux dans les Bourses locales. Mais sans convaincre.
"Les marchés financiers sont entrés dans une sorte de cercle vicieux", a indiqué à l'AFP Gui Haomin, un analyste du courtier Shenwan Hongyuan.
Les investisseurs chinois --pour l'écrasante majorité des particuliers et des petits porteurs-- semblent en effet suspendus à d'éventuelles mesures supplémentaires de "l'équipe nationale" (gouvernement et structures étatiques)... mais surtout à de nouvelles décisions d'assouplissement monétaire pour soutenir l'économie dans son ensemble.
La banque centrale (PBOC) a indiqué mardi avoir injecté 150 milliards de yuans (20,3 milliards d'euros) dans le système financier via des opérations de marchés régulières, pour apaiser des tensions sur les liquidités disponibles.
Pékin est désormais condamné à agir davantage pour "au moins encourager les marchés" et enrayer "des mouvements de ventes irrationnels", jugeait Zhang Qi, analyste du courtier Haitong.
Les Bourses chinoises s'étaient envolées de 150% en l'espace d'un an, dopées par un endettement massif et déconnectées de l'économie réelle, avant de finalement chuter à partir de mi-juin, en dépit des efforts répétés de Pékin.