PARIS (Reuters) - Le plan qui prévoit la suppression de 2.900 postes chez Air France, présenté en l'absence d'accord négocié, peut être évité avec la reprise du dialogue, a déclaré mercredi le Premier ministre Manuel Valls.
Le chef du gouvernement s'est inscrit dans la suite des propos tenus par les ministres de l'Ecologie, Ségolène Royal, et du Travail, Myriam El Khomri, qui avaient toutes deux dit ne pas penser que ces suppressions de postes soient nécessaires.
"Nous, nous pensons que ce plan peut être aujourd'hui évité si le dialogue social s'approfondit, c'est le cas depuis quelques jours et qu'on puisse avancer avec l'ensemble des professions qui travaillent à Air France", a dit Manuel Valls.
"Le dialogue social est la meilleure solution pour permettre demain à la compagnie d'affronter les grands défis du monde", a-t-il ajouté lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Il avait auparavant souligné l'importance pour Air France de "se transformer, se moderniser, s'adapter" à la concurrence, à la fois celle des compagnies du Golfe sur le long-courrier et celle des compagnies à bas coût en France et en Europe.
Un porte-parole d'Air France s'est refusé à tout commentaire.
Un peu plus tôt, Ségolène Royal avait exhorté les dirigeants d'Air France, "un peu faibles sur la qualité du dialogue social" selon elle, à associer davantage les salariés à la réflexion sur l'avenir de l'entreprise.
"Reconnaissons qu'il y a eu des erreurs de tous les côtés", mais "quand on en vient aux mains dans un dialogue social, c'est évident que les responsabilités ne sont pas toutes du même côté", avait estimé sur BFM TV et RMC celle qui est chargée des transports au gouvernement.
"J'en appelle à la responsabilité des dirigeants de cette entreprise, qui ont sans doute été un peu faibles sur la qualité du dialogue social, pour renouer des liens et faire en sorte que le respect mutuel s'installe et que les salariés soient associés à la réflexion sur l'orientation stratégique", a-t-elle dit.
"Il faut remettre les choses à plat. On ne gère pas une entreprise par une pression ou une déstabilisation des salariés."
Le gouvernement, sans imposer ses vues à la direction comme le lui a réclamé une partie de la gauche après les violences qui ont émaillé la réunion du comité central d'entreprise du 5 octobre, a ainsi modifié le ton de son discours au moment où le dialogue reprend.
La semaine dernière, Manuel Valls avait apporté son soutien total à la direction d'Air France face aux "voyous" responsables des violences. Cinq salariés, dont quatre interpellés mardi à 06h00 à leur domicile, seront jugés pour violences en réunion.
A leur sujet, le Premier ministre s'est appuyé sur le respect de l'indépendance de la justice pour rejeter toute intervention du gouvernement dans ce dossier où la forme a suscité de nombreuses critiques.
(Grégory Blachier et Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)