La présidence belge de l'UE a jugé jeudi possible que la zone euro finisse un jour par se doter d'euro-obligations, malgré l'opposition de l'Allemagne qui a préféré insister sur la nécessité de faire front commun pour défendre l'euro, peu avant un sommet européen.
"C'est le début de la discussion" sur l'idée d'euro-obligation, a indiqué le ministre belge des Finances Didier Reynders, en marge d'une réunion des Libéraux européens, organisée avant la réunion des dirigeants de l'Union européenne vers 17H00 (16H00 GMT).
M. Reynders a estimé que l'Europe avait en réalité déjà commencé à utiliser une forme d'euro-obligation en créant au printemps un Fonds de secours pour les pays de l'Union monétaire en difficulté financière, et en jetant les bases d'un mécanisme d'aide permanent appelé à lui succéder mi-2013.
"Si vous observez le fonctionnement de la Facilité et du mécanisme, en fait on parle d'un grand nombre d'euro-obligations puisque nous organisons une garantie qui provient de différents Etats membres (de la zone euro) avec un taux d'intérêt moyen", a dit M. Reynders, dont le pays assure jusqu'à fin décembre la présidence semestrielle de l'UE.
Le dispositif actuel, doté de 440 milliards d'euros, offre des garanties des différents Etats de l'Union monétaire pour emprunter de l'argent sur les marchés, afin ensuite de le prêter aux Etats en difficulté.
"Donc nous entamons le processus et au bout du compte nous aurons peut-être des euro-obligations" réelles, a jugé M. Reynders.
L'idée de cet instrument financier a été relancée la semaine dernière par le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, également président de l'Eurogroupe.
Cela consisterait pour plusieurs pays à lancer des emprunts obligataires en commun pour mutualiser les risques.
Mais l'Allemagne y est opposée pour l'heure.
Elle estime que cela déresponsabiliserait les gouvernements et a le soutien de plusieurs pays.
"Il est trop tôt pour en parler", a ainsi dit jeudi à Bruxelles le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Scwharzenberg.
"Ce n'est pas vraiment le moment de prendre une décision là-dessus", lui a fait écho le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt.
"Il y a une préoccupation" partagée par les pays opposés à l'idée, à savoir que "les pays avec de bons indicateurs économiques et une stabilité budgétaire pourraient voir leurs taux d'intérêt augmenter si cela se fait", a-t-il ajouté.
Berlin refuse aussi pour le moment d'envisager une augmentation des capacités de prêt du Fonds de secours de la zone euro.
Mais là encore, Didier Reynders a réaffirmé être favorable à l'octroi de moyens plus importants au futur mécanisme appelé à le remplacer.
"Nous devons prouver que nous avons des poches suffisamment profondes", avec des réserves suffisantes "pour rendre impossible la spéculation" et rassurer les marchés financiers, inquiets d'une contagion de la crise de la dette à l'Espagne, au Portugal, voire la Belgique, a jugé M. Reynders.
"Nous avons besoin d'un mécanisme plus large à partir de 2013. Et si c'est décidé, pourquoi pas une entrée en vigueur plus tôt" de ce mécanisme permanent, a-t-il dit.
La chancelière allemande Angela Merkel a préféré mettre l'accent sur l'"énorme élan de solidarité entre les Etats de la zone euro" que représente la la mise en place du mécanisme permanent.
"Je veux qu'un signal clair et décisif soit envoyé pour l'Europe et aussi pour l'euro" lors du sommet, pour montrer que les Européens ont "tous le même objectif d'assurer une monnaie stable et une Europe stable", a-t-elle ajouté, en arrivant à une réunion des dirigeants conservateurs européens.