par Robin Emmott
BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a imposé mercredi une mention d'origine sur les produits importés des colonies de peuplement juives implantées dans les territoires occupés palestiniens, une décision présentée comme technique par Bruxelles malgré les protestations d'Israël.
La Commission "a adopté ce matin la mention d'origine pour les produits en provenance des territoires occupés par Israël depuis juin 1967", a déclaré un responsable de l'UE.
"Nous regrettons que l'UE ait choisi, pour des raisons politiques, d'adopter une mesure aussi exceptionnelle et discriminatoire, inspirée par le mouvement du boycott", a réagi le ministère israélien des Affaires étrangères.
"Il est étrange, voire agaçant, de voir que l'UE choisit de faire deux poids deux mesures à l'égard d'Israël, alors qu'il y a plus de 200 autres contentieux territoriaux dans le reste du monde", a-t-il ajouté.
Le ministère israélien a annoncé qu'il suspendrait son dialogue diplomatique avec l'UE dans les prochaines semaines.
La mesure concerne essentiellement des produits agricoles et cosmétiques.
Bruxelles assure qu'il s'agit d'une décision technique mais beaucoup en Israël parlent d'une discrimination inacceptable.
"C'est une mesure technique, pas une mesure politique", dit-on dans l'entourage de la Commission. "Les territoires occupés ne font pas partie de l'Etat souverain d'Israël, aussi ces marchandises ne peuvent pas être vendues comme "fabriqué en Israël."
AFFICHER LE MOT "COLONIE"
L'Union européenne ne reconnaît pas l'occupation par Israël de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan, effective depuis la guerre des Six-Jours en 1967. Elle explique que la politique d'étiquetage vise à distinguer entre les marchandises produites à l'intérieur des frontières internationalement reconnues d'Israël et celles qui sont produites à l'extérieur.
Le Royaume-Uni, la Belgique et le Danemark ont déjà introduit ce genre de mention et font la différence entre les produits en provenance d'Israël proprement dit et ceux, notamment les fruits et les légumes, en provenance de la vallée du Jourdain en Cisjordanie. Désormais l'obligation de faire la différence s'impose aux 28 pays membres de l'Union européenne.
L'UE n'a pas fixé de mention officielle, mais les biens en question devront afficher le mot "colonie" sur l'étiquette s'ils sont commercialisés dans des points de vente de pays de l'UE.
Et si l'agriculteur colon israélien refuse d'obtempérer, la boutique où le produit sera vendu dans l'UE pourra le faire, dans la mesure où la CE aura suffisamment d'information sur la provenance du produit.
L'ambassadeur d'Israël auprès de l'Union européenne, David Walzer, estime que cette mesure risque de rendre difficiles les discussions de paix entre Israël et les Palestiniens et que l'UE pourrait ne plus être la bienvenue en tant que facilitatrice de ces négociations.
"Nous avons très clairement dit que nous estimons bienvenues les contributions de l'UE au processus de paix", a déclaré David Walzer avant l'officialisation de la décision. "Cela pourrait nous contraindre à revoir cela."
Un autre source au sein de la Commission explique que le document de cinq pages en 12 points publié par l'exécutif européen l'a été à la demande de pays de l'UE qui voulaient une clarification des règles d'étiquetage en vigueur et que ce document ne constitue pas à proprement parler une nouvelle réglementation.
(Danielle Rouquié, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)