L'année 2010 a encore été un très bon cru pour le secteur automobile français avec 2,25 millions de voitures neuves immatriculées, grâce à la prime à la casse et au bonus écologique, mais l'avenir s'annonce plus incertain.
Comparé à 2009 qui avait été une année record, les immatriculations n'ont reculé que de 2,2% en données brutes et de 3% à nombre de jours ouvrables comparables à 2.251.736 unités, selon des chiffres publiés lundi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
Sans surprise, ce sont les petites et moyennes voitures qui se sont le plus vendues sous l'impulsion de la prime à la casse et du bonus-malus écologique, dont les conditions d'octroi ont été durcies le 1er janvier. Les modèles les plus vendus ont été les Peugeot 207 et 206+ et la Renault Clio, selon des données du CCFA.
Il y a un an, personne n'aurait parié sur de tels résultats, 2010 s'annonçant comme une année morose après les 2,3 millions de voitures neuves écoulées en 2009 grâce à la prime à la casse. Ce dispositif avait été instauré fin 2008 par le gouvernent pour soutenir un secteur automobile frappé de plein fouet par la crise et qui pèse très lourd en terme d'emplois en France.
"On peut dire que la prime à la casse a très bien marché l'an dernier et sa fin a beaucoup plus boosté les prises de commandes que prévu", constate Flavien Neuvy, responsable de l'observatoire Cetelem.
La prime, passée progressivement de 1.000 à 500 euros, a disparu le 31 décembre. Elle s'applique toutefois à tout véhicule commandé avant la fin 2010, même s'il est livré début 2011.
Désireux d'en profiter et attirés par les rabais importants consentis par les marques, les clients se sont précipités chez leurs concessionnaires le mois dernier. Résultat, les immatriculations de décembre sont restées presque stables sur un an (-0,7% en données brutes à 228.383 unités) et les constructeurs ont fait le plein de commandes.
"On a globalement pour deux mois et demi de commandes en portefeuille", se réjouit Olivier Veyrier, directeur commercial de Peugeot France.
Si les immatriculations devraient se maintenir au premier trimestre, la suite s'annonce plus incertaine.
La guerre des prix à laquelle se sont livrés les constructeurs "crée une pression sur les marges et désoriente les consommateurs, qui ne savent plus combien coûte véritablement une automobile", avertit Philippe Gattet, analyste chez Xerfi, interrogé par l'AFP, qui table sur un recul du marché compris entre 5 et 10% cette année.
Peugeot et Renault font des prévisions similaires et tablent sur 2 millions de nouvelles immatriculations en 2011, soit le niveau annuel moyen du marché français.
Les conséquences de la prime à la casse devraient se faire sentir pendant plusieurs années, estime M. Neuvy. "Le marché devrait mettre deux ou trois ans pour apurer les 500.000 voitures vendues par anticipation", pronostique-t-il.
Les constructeurs tablent à présent sur le renouvellement des flottes d'entreprise et la vente à des clients ayant des voitures de moins de huit ans, explique Xavier Chardon, directeur commercial Citroën.
Pour limiter la casse, les constructeurs français devraient aussi faire de nouvelles offres commerciales, estime Eric Champarnaud, de la société d'études Bipe.
Les constructeurs français devraient aussi pouvoir tabler sur la reprise d'autres marchés européens, notamment l'Allemagne, selon M. Neuvy. La fédération de l'industrie automobile allemande VDA table sur une progression de 6% des ventes de voitures neuves en 2011.