JERUSALEM (Reuters) - Près de 8.000 juifs de France ont émigré en Israël cette année, a annoncé jeudi un porte-parole de l'Agence juive, qui a imputé ce chiffre record aux violences antisémites et à la conjoncture économique morose.
L'émigration de Français vers Israël a connu une croissance exponentielle depuis 2012, année marquée par l'attaque de l'école juive Ozar Hatorah par Mohamed Merah à Toulouse.
La tuerie du Musée juif de Bruxelles attribuée à Mehdi Nemmouche, qui a fait quatre morts en mai 2014, ainsi que la prise d'otages d'Amedy Coulibaly dans une supérette casher à Paris, qui s'est également soldée par quatre morts le 9 janvier dernier, ont également incité certains des 550.000 juifs de France à rejoindre Israël.
D'après l'Agence juive, organisation qui aide les candidats à l'alyah (littéralement "montée" ou "ascension" en hébreu) à organiser leur départ, 7.900 Français sont partis s'installer en Israël cette année, un chiffre en hausse de près de 10% par rapport à 2014.
"Chacun a ses raisons, parmi lesquelles figurent la crise économique, la sécurité personnelle, les attaques terroristes et, dans certains cas, un climat d'antisémitisme", a déclaré Yigal Palmor, l'un des porte-parole de cet organisme.
Même si ces données ne sont pas encore définitives, elles sont inférieures aux prévisions du président de l'Agence juive. Après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, Natan Sharansky avait dit s'attendre à enregistrer en 2015 plus de 10.000 "olim", les immigrants qui rejoignent l'Etat juif.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait suscité la réprobation des autorités françaises en déclarant en janvier après les attentats qu'Israël était le "foyer" des juifs de France. "Tout juif qui veut immigrer en Israël y sera reçu les bras ouverts", avait-il dit.
Au total, l'immigration juive en Israël a atteint cette année un plus haut de 15 ans avec 30.000 arrivants, a indiqué Yigal Palmor. Outre la France, la Russie, confrontée à une crise économique, ainsi que l'Ukraine, embourbée dans un conflit depuis près de deux ans, ont alimenté la plus grande partie du contingent de nouveaux immigrants.
(Dan Williams, Myriam Rivet pour le service français, édité par Danielle Rouquié)