L'Allemagne a rejeté mercredi la proposition de la Commission européenne d'augmenter les ressources du Fonds de secours pour la zone euro, jugeant qu'il n'était "pas sensé ni nécessaire" d'évoquer la question pour le moment.
"Il n'est pas sensé ni nécessaire de discuter d'un élargissement" de ce Fonds, mis en place au printemps au coeur de la crise de la dette grecque et auquel ont déjà eu recours Athènes et Dublin, a déclaré lors d'un point de presse Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel.
"Nous sommes encore loin d'avoir épuisé" les réserves du Fonds actuel, avait souligné celle-ci un peu plus tôt, à l'issue d'une rencontre avec son homologue italien Silvio Berlusconi.
Mme Merkel a eu beau assurer à cette occasion que l'Allemagne ferait "ce qui est nécessaire pour la stabilité de l'euro", le pays, première économie européenne et à ce titre premier contributeur au Fonds de secours, ne semble pas prêt à remettre au pot pour le moment.
"Nous devons nous rappeler que seulement 10% du mécanisme d'aide européen a été utilisé pour le moment", a déclaré M. Seibert, "donc 90% sont toujours disponibles". "Ce n'est pas le moment d'annoncer au monde ou de discuter publiquement de l'éventualité d'un élargissement un jour ou l'autre", a-t-il ajouté, appelant au contraire au "calme" dans les débats publics européens.
Le commissaire européen aux Affaires économique Olli Rehn a pourtant évoqué mercredi des discussions en vue d'une augmentation des ressources du Fonds, et le président de la Commission José Manuel Barroso appelé les Européens à renforcer le mécanisme le plus vite possible.
La pression était forte ces derniers jours sur le Portugal pour solliciter lui aussi l'aide du Fonds, au vu d'une situation budgétaire très critique.
Le succès de deux émissions obligataires mercredi a certes relâché quelque peu la tension mais n'a pas fait taire les spéculations sur un recours de Lisbonne à l'aide de ses partenaires.
En Allemagne, Mme Merkel doit composer avec une opinion publique réticente au sauvetage d'autres pays européens, considérés comme dépensiers. Au début d'une année pavée d'échéances électorales importantes, elle a "forcément une vision dictée par des considérations de politique intérieure", selon une source proche du gouvernement.
Son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui a "une vision plus systémique, plus européenne", est peut-être moins opposé à un renflouement du Fonds de secours, mais ne s'est jamais exprimé publiquement à ce sujet.
Dans les milieux économiques allemands, il ne fait aucun doute que c'est la voie qui sera suivie. "On ne va pas avoir le choix, que peut-on faire d'autre à court terme? Nous n'avons pas de mécanisme" pour faire face à la situation actuelle, a déclaré mercredi Anton Börner, président de la fédération des exportateurs allemands BGA.