par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - La croissance de l'économie américaine a ralenti plus que prévu au quatrième trimestre, sous le coup d'un nouvel effet de stocks négatif et d'un commerce extérieur plombé par la vigueur du dollar et la faiblesse de la conjoncture mondiale, selon une première estimation publiée vendredi par le département du Commerce.
Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a ainsi augmenté de 0,7 % en rythme annualisé sur la période octobre-décembre, alors que les économistes avaient tablé sur une croissance de 0,8%. Elle avait été de 2,0% au troisième trimestre et de 3,9% au deuxième.
L'activité économique a également été tirée vers le bas par une météo inhabituellement clémente sur les trois derniers mois de 2015, qui a pesé sur le demande d'énergie et d'équipements hivernaux. La chute des cours du pétrole a par ailleurs conduit les entreprises pétrolières à diminuer leurs investissements.
Autre signe inquiétant, les dépenses de consommation, qui représentent les deux tiers de l'activité économique des Etats-Unis, ont ralenti sur le dernier trimestre 2015, avec une croissance de 2,2%, contre 3% au trimestre précédent. Ce ralentissement est cependant moins marqué que prévu.
Certains freins pesant sur la croissance, comme les stocks et les températures trop élevées pour la saison, ne devraient pas persister dans le temps. Nombre d'économistes anticipent ainsi une nouvelle accélération de la croissance au premier trimestre 2015.
LA FED POURRAIT ATTENDRE JUIN
La banque centrale américaine a relevé ses taux en décembre, pour la première fois depuis près de 10 ans. Elle n'a pas formellement exclu un nouveau relèvement dès le mois de mars mais la volatilité qui règne sur les marchés financiers pourrait l'amener à patienter jusqu'en juin.
Mercredi, la Fed avait pris acte du ralentissement de la croissance à la fin de l'année dernière tout en soulignant que les "conditions du marché du travail avaient continué de s'améliorer".
"Si l'on considère que ce ralentissement est largement dû aux effets des vents contraires qui soufflent sur l'économie mondiale, de la vigueur du dollar et de la correction prolongée des stocks, la Fed peut se consoler en constatant que la situation de l'économie américaine reste encourageante", note Millan Mulraine, économiste chez TD Securities.
Autres effets de la publication des chiffres de la croissance, les prix des Treasuries ont légèrement baissé et le dollar a maintenu ses gains face à un panier de devises de référence.
Sur l'ensemble de 2015, la croissance a été de 2,4%, inchangée par rapport à 2014.
Les premiers chiffres du PIB montrent que les entreprises ont accumulé pour 68,6 milliards de dollars de stocks sur les trois derniers mois de l'année, contre 85,5 milliards de dollars de stocks au troisième trimestre.
Cet effet de stocks négatif a amputé le PIB du quatrième trimestre de 0,45 point de pourcentage.
(Lucia Mutikani; Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Patrick Vignal)