L'Union européenne a annoncé vendredi l'ouverture d'enquêtes visant les importations sur son sol de trois types de produits en acier en provenance de Chine, soupçonnés d'être vendus à perte et d'enfreindre les règles de la concurrence.
Gouvernements, patrons et salariés du secteur sidérurgiques en Europe se mobilisent actuellement pour demander à l'UE d'être ferme sur ces soupçons de pratiques anti-concurrentielles de la Chine. La crainte, plus largement, porte sur le fait que la Chine obtienne officiellement le statut d'économie de marché, ce qui pourrait déboucher sur une baisse des droits de douanes.
L'association Aegis Europe, qui représente l'industrie, organise lundi à Bruxelles une grande marche, où plusieurs milliers de manifestants sont attendus, pour s'opposer à l'octroi du statut d'économie de marché à la Chine.
Une délégation des protestataires sera reçue lundi à la mi-journée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Alors que plusieurs pays membres de l'UE ont souligné récemment l'urgence à agir face à "un risque d'effondrement" du secteur sidérurgique sur le Vieux continent, la Commissaire européenne au Commerce Cécilia Malmström avait prévenu que trois nouvelles enquêtes "anti-dumping" seraient lancées en février, dans un courrier de protestation adressé le 29 janvier à son homologue chinois Gao Hucheng.
Elle lui demandait des mesures pour réduire les capacités de production du secteur sidérurgique chinois.
Les produits concernés par ces nouvelles enquêtes de l'UE sont les tuyaux sans soudure, les tôles lourdes et les aciers plats laminés à chaud, a-t-on précisé vendredi.
"Nous ne pouvons tolérer ces importations à des prix artificiellement bas qui menacent notre industrie. Je suis déterminée à user de tous les moyens possibles pour garantir que nos partenaires commerciaux respectent les règles", déclare Mme Malmström, citée dans un communiqué.
"Nous avons déjà mis en place des mesures défensives concernant plus de 30 produits différents en acier et nous continuerons afin de bien prendre en compte les inquiétudes légitimes de notre industrie", ajoute-t-elle.
Sur les 37 mesures de défense commerciales actuellement en place, seize concernent des produits originaires de Chine, a précisé le porte-parole de Mme Malmström, Daniel Rosario, lors d'un point de presse. Neuf enquêtes "dont les trois annoncées aujourd'hui" sont en cours. Si les soupçons de dumping se confirment, elles peuvent mener à de nouvelles mesures de défense.
Au total, "les mesures anti-dumping actuellement en place concernant des produits venant de Chine couvrent 1,38%" du total des importations chinoises vers l'UE, a-t-il ajouté.
La Commission a aussi "décidé d'imposer à compter de ce jour des droits de douane anti-dumping sur des produits laminés à froid en provenance de Chine et de Russie", selon le communiqué.
Il s'agit des mesures de précaution liées à des soupçons de pratiques illégales, et qui seront levées si ces soupçons ne sont pas étayés. Les droits de douane imposés aux entreprises chinoises se situeront entre 13,8% et 16%, et entre 19,8% et 26,2% pour les compagnies russes.
Par ailleurs, la Commission européenne, qui impose depuis deux ans déjà des droits de douane anti-dumping sur les panneaux solaires chinois, a étendu vendredi ces mesures pour contrer les pratiques de certaines entreprises chinoises qui les faisaient transiter par Taïwan et la Malaisie pour éviter d'être taxées.
"Cette décision fait suite à une enquête qui a confirmé qu'un contournement des mesures de défense commerciales de l'UE avait lieu par le biais de ces pays. Les nouveaux droits ne seront pas appliqués à des producteurs (de panneaux solaires) réellement installés à Taïwan et en Malaisie", explique l'exécutif européen dans un communiqué.