Le groupe Air France-KLM a annoncé jeudi des résultats dans le vert en 2015, une première depuis sept ans, avec un bénéfice net de 118 millions d'euros, grâce notamment au prix du carburant en baisse, au cours d'une année mouvementée sur le plan social.
Le PDG du groupe Alexandre de Juniac, qui avait dit début janvier s'attendre à un tel retour dans le vert, a attribué ce redressement aux "mesures déployées dans le cadre du plan (de restructuration, NDLR) Transform 2015" et à un "environnement favorable créé par la faiblesse du prix du carburant".
En 2014, le groupe avait accumulé des pertes de 225 millions d'euros.
L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du groupe s'élève en 2015 à 2,447 milliards d'euros, en hausse de 858 millions et de 576 millions à données comparables (à change constant et hors impact de la grève des pilote de 15 jours en septembre 2014).
Le chiffre d'affaires atteint lui 26,1 milliards d'euros, en hausse de 4,6%, mais "en recul de 3,2% à données comparables". Au dernier trimestre, l'effet négatif des attentats du 13 novembre à Paris est estimé à 120 millions d'euros.
Pour le directeur financier du groupe Pierre-François Riolacci, il "est clair que c'est un résultat qui traduit une amélioration significative et de longue durée de la rentabilité d'Air France-KLM". Les derniers résultats nets positifs du groupe remontaient à mars 2008.
Air France-KLM reste toutefois prudent concernant ses perspectives pour 2016 estimant dans un communiqué que "le contexte global demeure très incertain en 2016 concernant le prix du carburant, la poursuite de la situation de surcapacité sur différents marchés et l'environnement géopolitique et économique" dans lequel le groupe exerce son activité.
"L'impact de la baisse du prix du carburant sur le résultat est susceptible d'être compensé en grande partie par la pression sur les recettes unitaires et un effet change négatif", souligne le groupe.
- Marché "ultra-compétitif" -
Tout en se félicitant de la "très nette amélioration" des résultats du groupe, M. de Juniac a indiqué à des journalistes qu'elle "ne changeait pas son positionnement concurrentiel notamment par rapport à ses principaux concurrents européens".
La direction continue donc "d'avoir des ambitions en matière d'amélioration de [sa] compétitivité et de réductions de coûts et de négocier avec [son] personnel des accords qui visent à améliorer [sa] position compétitive", a-t-il ajouté.
"La négociation, que ce soit chez KLM ou Air France, avec le personnel vise à combler le fossé qui nous sépare avec nos principaux concurrents et de ce point de vu là les choses n'ont pas fondamentalement changé", a-t-il ajouté.
Air France fait face à une concurrence féroce de la part des compagnies du Golfe sur son réseau long-courrier et des compagnies low-costs sur le segment du moyen-courrier.
L'année 2015 a été particulièrement mouvementée au sein de la compagnie Air France avec des négociations difficiles sur un plan de croissance, "Perform 2020", qui ont conduit à des débordements le 5 octobre. Le DRH Xavier Broseta avait dû fuir des manifestants en colère, en escaladant un grillage, la chemise déchirée.
Depuis, la compagnie a dévoilé le 15 janvier un autre "projet de croissance" pour 2017-2020. Malgré tout, elle vise 1.600 départs volontaires d'ici 2017, selon des sources syndicales.
"Perform 2020" devait succéder au plan de restructuration "Transform 2015" engagé en 2012 au cours duquel 5.500 postes ont été supprimés.
M. Riolacci a précisé qu'avec la baisse du prix du pétrole, la facture carburant du groupe avait baissé en 2015 "de 450 millions d'euros" après effet des couvertures, avec "environ 60% des consommations couvertes en début d'année" et des pertes dues à l'appréciation du dollar par rapport à l'euro.
Sur la base des cours actuels, "la baisse de la facture carburant en 2016 sera encore significative", a-t-il estimé, ajoutant qu'on "parle d'une baisse de la facture carburant de l'ordre de 2 milliards de dollars en 2016".
Il a toutefois insisté sur les inconnues de l'évolution de l'euro et de la pression sur la recette par passager, "dans un marché ultra-compétitif dans lequel la croissance de l'offre est supérieure à la croissance de la demande".