L'Américain Ingram Micro, l'un des plus gros distributeurs mondiaux de produits électroniques et informatiques, a accepté de se faire racheter par une filiale du groupe chinois HNA pour environ 6 milliards de dollars, la dernière en date d'une série de colossales acquisitions chinoises à l'étranger.
HNA va acquérir le groupe américain par l'intermédiaire de la société Tianjin Tianhai, dont il est le principal actionnaire. Celle-ci prévoit de payer 38,90 dollars en numéraire pour chaque action Ingram, selon un communiqué commun de mercredi soir.
Avec un montant total évalué à environ 6 milliards de dollars, ce serait l'une des dix plus grosses acquisitions jamais réalisées à l'étranger par des groupes chinois (en excluant les reprises de dette), selon les données du cabinet spécialisé Dealogic.
La nouvelle a ravi les investisseurs: le titre de Ingram Micro avait clôturé à seulement 29,65 dollars mercredi soir, et s'envolait de plus de 20% dans les échanges électroniques d'après séance à la suite de l'annonce de la transaction.
Ingram, distributeur d'ordinateurs, de logiciels et équipements informatiques, est également un fournisseur de services technologiques.
L'acquisition devrait être bouclée au deuxième semestre, sous réserve du feu vert des régulateurs. Ingram conservera son siège en Californie et sa direction actuelle, emmenée par le patron français Alain Monié, mais fera partie du groupe HNA.
Cette intégration donnera à Ingram "la capacité d'accélérer les investissements stratégiques", a commenté M. Monié.
"En outre, Ingram fera désormais partie d'un plus grand groupe, qui a des capacités logistiques complémentaires et une forte présence en Chine" susceptible de soutenir sa croissance, a-t-il ajouté.
- 'Processus d'internationalisation' -
Connu à l'origine comme la maison-mère de la compagnie Hainan Airlines, HNA est désormais un gigantesque conglomérat, avec des intérêts dans l'aéronautique, la finance, le tourisme et la logistique, qui compte quelque 180.000 salariés dans le monde et a réalisé 29 milliards de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier.
Poursuivant à marche accélérée ses efforts de diversification et d'internationalisation, HNA a multiplié les annonces de transactions en 2015.
Il a ainsi pris 20% du loueur d'avions basé en Irlande Avolon, avant de racheter en novembre 24% de la compagnie aérienne brésilienne low cost Azul. Il avait précédemment mis la main sur la société suisse de services aéroportuaires Swissport.
Dans le secteur du tourisme, le français Pierre et Vacances-Center Parcs, spécialiste des résidences de tourisme, a récemment entériné l'entrée de HNA dans son capital à hauteur de 10%. Le chinois avait en revanche renoncé à reprendre le voyagiste Fram.
Avec Ingram Macro, HNA ajoute une corde supplémentaire à son arc. La firme californienne renforcera les activités du conglomérat chinois dans la logistique, en lui donnant notamment "un accès à des opportunités d'affaires sur les marchés émergents", a fait valoir son patron Adam Tan. Cette acquisition "aidera la branche logistique de HNA Group à se transformer et à devenir un opérateur de chaînes de distribution".
Une fois la transaction réalisée, Ingram deviendra la plus grosse des sociétés du conglomérat HNA en termes de revenus et "facilitera le processus d'internationalisation" du groupe chinois, a assuré M. Tan.
Ingram n'a pas encore publié ses résultats annuels 2015, mais affichait en 2014 un chiffre d'affaires de 46,5 milliards de dollars et emploie 21.800 personnes dans le monde.
Face au ralentissement de l'activité économique en Chine et alors que l'industrie chinoise croule sous la surproduction et les surcapacités, Pékin encourage activement ses entreprises à doper leurs investissements à l'international afin de conquérir de nouveaux marchés et débouchés, mais aussi d'acquérir des technologies et innovations.
La frénésie d'acquisitions chinoises à l'étranger s'est accélérée de façon spectaculaire depuis le début de l'année.
Parmi les salves d'opérations dévoilées, le rachat par Haier de la branche électroménager de l'américain General Electric (N:GE) (5,4 milliards de dollars), mais aussi l'offre de rachat par ChemChina du fabricant suisse de pesticides et de semences Syngenta (pour pas moins de 43 milliards de dollars) ont frappé les esprits.