Après un premier tour d'échauffement jeudi, les dirigeants européens se retrouvent vendredi à Bruxelles pour arracher à 28 un compromis sur les réformes demandées par le Premier ministre britannique David Cameron et éloigner le spectre d'un "Brexit".
"Pour le moment je peux seulement dire que nous avons fait certains progrès mais il reste encore beaucoup à faire", a averti le président du Conseil européen Donald Tusk dans une courte allocution peu avant 03H00 (02H00 GMT) vendredi.
Les dirigeants de l'UE, chefs d'Etat et de gouvernement, sortaient alors d'un premier échange de vues sur les demandes de réformes de M. Cameron, suivi d'une discussion marathon au dîner sur la crise migratoire qui déchire l'Union.
Devant ses 27 partenaires, le Premier ministre britannique David Cameron a réclamé un "accord crédible (...) qui soit assez fort pour persuader les Britanniques de soutenir l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne". L'occasion se présente de règler le problème des relations entre Londres et le continent "pour une génération", a-t-il argué.
Le dirigeant conservateur, confronté à un puissant courant eurosceptique au sein même de son parti, a promis d'organiser un référendum sur le maintien ou non de son pays dans l'UE. Le vote pourrait se tenir dès juin s'il arrache un accord d'ici la fin du sommet, qui pourrait se prolonger tard vendredi.
Même si les électeurs britanniques restent partagés, la perspective d'un "Brexit" - une sortie du Royaume-Uni de l'UE - fait trembler l'Union, déjà ébranlée par une crise migratoire sans précédent depuis 1945.
- Heure de vérité -
"C'est l'heure de vérité", a lancé le Premier ministre belge Charles Michel, dont le pays, partisan d'une forte intégration européenne, est un des plus réticents à accorder des concessions à Londres.
"Nous voulons un bon accord mais pas à n'importe quel prix", a renchéri la Première ministre polonaise Beata Szydlo.
Pour assouplir les positions des uns et des autres, Donald Tusk devait poursuivre son labeur, sans doute jusqu'à l'aube, avec une série de rencontres bilatérales, avant que les dirigeants de l'UE ne se remettent autour de la table vendredi à 10H00 GMT.
Exigence des plus controversées, David Cameron veut restreindre certaines prestations sociales bénéficiant à des travailleurs migrants intra-européens afin de réduire le rythme des arrivées sur le sol britannique.
Cette mesure, jugée "discriminatoire" au regard du principe "fondateur" de libre circulation, inquiète les pays d'Europe centrale et de l'est dont elle vise les travailleurs.
M. Tusk a donc proposé un "mécanisme de sauvegarde" autorisant Londres à limiter temporairement les allocations sociales aux migrants européens, mais la question de sa durée d'application "reste grande ouverte", selon un diplomate d'Europe centrale.
En outre David Cameron réclame des garanties afin de préserver les intérêts économiques et financiers de son pays.
Mais il se heurte à l'opposition de la France, pour laquelle il n'est pas question "d'ouvrir la possibilité d'un veto" de Londres, non membre de la monnaie unique, sur le renforcement de la zone euro.
"Un accord est possible (...) mais on ne peut pas empêcher l'Europe d'avancer", a averti le président François Hollande à son arrivé au sommet jeudi après-midi. "Aucun pays ne doit avoir un droit de veto, aucun pays ne doit se soustraire à des règles communes ou à des autorités communes", a-t-il insisté.
Sur ce sujet, la France, la Belgique et le Luxembourg parlent d'une seule voix, selon plusieurs sources diplomatiques.
"Qu'un pays en dehors de la zone euro puisse avoir une stratégie qui va à l'encontre de celle de la zone euro, ça c'est inacceptable", a lancé le Premier ministre belge Charles Michel.
- Sommet UE-Turquie -
Sur l'autre question brûlante, la crise migratoire, qui divise les 28 et auquel ils ont consacré plus de six heures de débats, les Européens exigent de la Turquie des "efforts supplémentaires, résolus" pour combattre les passeurs et endiguer les flux, selon les conclusions du sommet.
"Nous avons confirmé qu'il n'y a pas d'alternative à une bonne, intelligente et sage coopération avec la Turquie", a plaidé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Un sommet spécial UE-Turquie est prévu début mars.
Les appels de la chancelière allemande Angela Merkel à une réponse "commune" sont de plus en plus ignorés, à commencer par l'Autriche qui va instaurer un quota journalier de demandeurs d'asile autorisés à entrer sur son territoire, au grand dam de l'exécutif européen.