par Noëlle Mennella
PARIS (Reuters) - Carmat a annoncé vendredi le lancement d'une augmentation de capital de 50 millions d'euros réservée à ses deux grands actionnaires historiques mais aussi à de nouveaux investisseurs afin de pouvoir financer l'étude pivot de son coeur artificiel.
CorNovum, holding d'investissement détenue à parité par Bpifrance et l'Etat, souscrira à cette opération à hauteur d'un maximum de 17 millions et deviendra son quatrième actionnaire avec une part située entre 7,3% et 8,5% du capital.
Airbus Group (PA:AIR) (Matra Defense), avec une souscription à hauteur de 11 millions, restera le premier actionnaire de Carmat avec 22,4-22,5% du capital devant le fonds Truffle Capital (17,8%-18%) qui investira dans l'opération sept millions d'euros.
Le professeur Alain Carpentier, l'inventeur du coeur artificiel, qui ne participera pas à l'augmentation de capital, conserve néanmoins la troisième position au capital avec une part de 10,8%-11,4% du capital.
L'opération consacrera l'entrée au capital d'investisseurs représentant les familles Bastid et Ligresti, qui apporteront sept millions d'euros chacun, contre un million pour Aliad, l'investisseur de capital risque du groupe Air Liquide (PA:AIRP).
Cette augmentation de capital réservée serait accompagnée, le cas échéant, d'un placement privé auprès d'investisseurs qualifiés dont le montant n'est pas encore défini, ajoute Carmat dans un communiqué.
Le prix d'émission des actions nouvelles émises sera égal au moins élevé des deux montants suivants : 40 euros et la moyenne des cours pondérés par les volumes des cinq dernières séances de bourse précédant la date du conseil d'administration relatif à ces opérations prévu en avril.
ETUDE CLINIQUE PIVOT
"On a terminé 2015 avec une trésorerie de trois millions d'euros et donc pour développer notre programme en 2016 et 2017 nous avons besoin d'argent", a déclaré à Reuters Marcello Conviti, le directeur général de Carmat. "Une petite compagnie innovante comme la nôtre qui n'a pas de vente et qui donc n'a pas le soutien des banques, la seule possibilité, dans le contexte boursier actuel, est de réaliser ce type d'opération afin de sécuriser notre programme aujourd'hui en phase cruciale", a-t-il ajouté.
Carmat a mené à son terme son étude de faisabilité de son coeur artificiel prévoyant l'implantation de quatre malades avec un objectif de survie à trente jours.
Désormais, le groupe peut lancer une étude clinique pivot sur 20 à 25 patients suivis sur 180 jours à l'échelle européenne, afin d'obtenir le marquage CE indispensable à l'autorisation de mise sur le marché d'un dispositif médical.
"Nous sommes en cours de soumission du dossier aux autorités de santé. On est en train de débuter la phase pivot à court terme. C'est plus une question de semaines que de trimestres", a déclaré Marcello Conviti.
"Dans les meilleurs cas, les résultats de l'étude pivot devraient être connus à fin 2016 et dans le pire il faut compter un trimestre en plus. Quand le dossier est complet, le marquage arrive dans un délai de huit à 12 semaines", a ajouté le directeur général.
Interrogé sur un article de presse selon lequel un possible délit d'initié pouvait expliquer la chute du cours de Carmat en janvier avant l'annonce officielle du décès du quatrième patient, Marcello Conviti a assuré qu'aucun dirigeant, actionnaire ou employé du groupe n'avaient vendu du titre à ce moment là.
Il a déclaré ne pas être responsable d'éventuelles fuites tout en soulignant qu'à cette époque le marché des medtechs français était lui aussi en baisse.
Dans un communiqué séparé, Carmat a annoncé avoir terminé l'exercice 2015 avec des produits d'exploitation de 14.350 euros, des charges d'exploitation de 19,8 millions et une perte nette de 17,5 millions.
(édité par Jean-Michel Bélot)