Surnommé "Tigre Celtique" pour sa croissance record dans les années 1990, l'Irlande a vu son économie s'écrouler comme un château de cartes avec la crise de 2008, avant de retrouver des couleurs, sous perfusion de l'Europe et du FMI.
Il y a dix ans, l’Irlande faisait pâlir d'envie le monde entier avec une croissance annuelle moyenne de 6% de 1995 à 2007, un taux de chômage divisé par trois et un PIB doublé en une décennie.
Mais le rêve s'est transformé en cauchemar: en 2008, l'économie s'effondrait de 3,5%, puis de près de 8% en 2009.
Parallèlement, les déficits publics se sont envolés, contraignant Dublin à signer en 2010 un humiliant plan de sauvetage de 85 milliards d'euros avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
Comme dans d'autres pays, la crise a été précipitée par l'éclatement d'une bulle immobilière. De 1996 à 2006, les prix immobiliers ont quadruplé. Pour ensuite s'effondrer de 40%.
Or les banques irlandaises avaient prêté comme si le boom ne connaîtrait jamais de fin. Quand les prix se sont effondrés, les Irlandais se sont retrouvés incapables de rembourser.
Mais ce qui a transformé une simple crise en grave récession a été la décision du gouvernement de prendre à son compte les dettes pourries des banques.
Résultat: les problèmes budgétaires sont devenus ingérables et les déficits publics ont atteint 32% du PIB en 2010.
Le petit pays de 4,6 millions d'habitants a mis plus de trois ans à retrouver son indépendance économique et financière, avant de sortir du plan d'aide international en décembre 2013.
L'Irlande était sauvée de la faillite. Mais le prix à payer a été élevé pour la population, durement éprouvée par les hausses d'impôts et les douloureuses réformes imposées par l'UE et le FMI.
Les chiffres sont depuis résolument repassés au vert. En 2014, l'Irlande a enregistré une croissance de 4,8%, la plus vigoureuse de toute l'Union européenne. Sur les neuf premiers mois de 2015, le pays a encore accéléré, connaissant une croissance de 7%.
"Son budget est désormais équilibré, la dette publique est en baisse (à 107,75% du PIB en 2015 contre 111,15% en 2011), la consommation en hausse et le chômage en recul (8,6% en février 2016 contre 10,1% en février 2015) et même à son plus faible niveau depuis 2008. Le 5 février dernier, l'agence de notation Fitch a relevé la note de l'Irlande en la créditant d'un A", détaille une analyse de la Fondation Robert Schuman.
En janvier 2012, le taux de chômage s'élevait encore à 15,2%.
Preuve du réveil de l'ex-Tigre celtique, les exilés commencent à revenir. Environ 240.000 Irlandais avaient quitté le pays pendant les années de récession. Le gouvernement espère en faire revenir 70.000 cette année.
Mais les effets de l'austérité continuent à se faire ressentir et les Irlandais, épuisés après les lourds sacrifices consentis, tardent à voir la reprise se matérialiser dans leur vie.