PARIS (Reuters) - François Hollande a annoncé samedi son intention de réviser la loi qui régit les relations entre les agriculteurs et la grande distribution pour tenter de calmer la colère du monde paysan, qu'il a dû affronter à l'occasion de l'inauguration du Salon de l'agriculture.
Tout juste revenu d'un périple dans le Pacifique et en Amérique latine, le chef de l'Etat a été hué dans les allées du salon, porte de Versailles à Paris, particulièrement lors de son passage sous les cris de "démission" dans le pavillon de l'élevage, secteur en pleine crise.
"Les cris de détresse, je les entends", a dit le chef de l'Etat, "la colère, je préfère qu'elle s’exprime à l'occasion de ce salon qu'à l'extérieur".
Un important dispositif de sécurité avait été mis en place pour cette visite et des heurts ont opposé des policiers en civil à des agriculteurs d'Île-de-France qui ont démonté le stand du ministère de l'Agriculture.
Cinq personnes ont été interpellées lors des échauffourées mais la FNSEA, le principal syndicat agricole, a indiqué qu'elle avait obtenu des assurances sur leur libération.
Au fil d'échanges souvent tendus avec des exposants, François Hollande a rappelé les mesures annoncées récemment par le gouvernement, comme la baisse des cotisations sociales pour le monde agricole.
Il a insisté sur le rendez-vous du 14 mars, au niveau européen, où la France défendra la nécessité de mesures de régulation du marché du lait.
"MESSAGE DE SOUTIEN"
Le président de la République s'en est pris également à la grande distribution, sur laquelle les pouvoirs publics multiplient les pressions alors que s'est ouverte la période des négociations commerciales annuelles avec les fournisseurs.
Il a jugé sur ce point que la loi LME (loi de modernisation de l'économie) adoptée lors du précédent quinquennat était une loi "en faveur de la distribution et contre les producteurs".
"Cette loi de 2008, il faut la revoir", a-t-il dit, en précisant que l'occasion serait peut-être le projet de loi dit "Sapin 2" de lutte contre la corruption et la transparence de la vie économique qui doit être présenté fin mars.
François Hollande a quitté le salon à mi-journée après une réunion de plus d'une heure avec l'ensemble des syndicats agricoles.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a déclaré que le fait même qu'il ait décidé de venir au Salon malgré l'environnement était "un message de soutien au monde agricole dans ses difficultés".
"Huer et siffler le président de la République, ce n'est pas acceptable, ce n'est pas ça qui va faire avancer les choses, mais en même temps nous étions parfaitement conscients qu'à l'occasion de l'inauguration de ce salon, un certain nombre d'agriculteurs, d'éleveurs en particulier, allaient souhaiter exprimer le désespoir ou la colère qu'ils ressentent face à cette crise", a-t-il dit devant la presse.
(Yann Le Guernigou, avec Benoît Tessier, édité par Nicolas Delame)