par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - La croissance du marché de l'emploi aux Etats-Unis a été plus dynamique que prévu en février et les créations de postes des deux mois précédents ont été revues à la hausse, reflétant plus que jamais une vigueur du marché du travail qui pourrait apaiser encore les craintes d'une récession et permettre à la Réserve fédérale (Fed) de relever progressivement les taux cette année.
L'économie américaine a créé le mois dernier 242.000 emplois non-agricoles, montrent les statistiques publiées vendredi par le département du Travail. Le taux de chômage est resté quant à lui à 4,9%, son plus bas niveau en huit ans, malgré l'arrivée de nouveaux entrants sur le marché du travail.
Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à 190.000 créations d'emploi et à un taux de chômage stable à 4,9%.
"C'est la meilleure nouvelle que la Fed pouvait attendre avant sa réunion (de politique monétaire des 15 et 16 mars). Avec un bond en avant des créations d'emplois, on peut être sûr que des hausses de taux ne sont pas loin", estime Chris Rupkey, économiste en chef chez MUFG Union Bank à New York.
Les données de janvier et de décembre ont été révisées en hausse et montrent que l'économie a créé 30.000 emplois de plus qu'annoncé initialement (+172.000 au lieu de +151.000 en janvier et +271.000 au lieu de +262.000 en décembre).
Le seul point noir du rapport a été une baisse de trois cents du salaire horaire moyen, mais le recul de février est à considérer en regard de la forte progression du mois précédent.
La durée hebdomadaire moyenne du travail a diminué elle aussi.
Cette bonne statistique fait suite à une série d'indicateurs économiques positifs publiés cette semaine, reflétant un nouvel élan de l'économie américaine, après une timide croissance annuelle de 1,0% au dernier trimestre 2015. La croissance du premier trimestre 2016 est prévue aux alentours de 2,5%.
LE DOLLAR BAISSE
Les craintes d'une récession après une succession de mauvais indicateurs économiques publiés au mois de décembre, ainsi que le ralentissement de la croissance chinoise, avaient provoqué une déroute des marchés boursiers mondiaux au début de l'année.
Les traders continuent à parier pour la plupart contre une hausse des taux de la Fed en mars mais ils commencent à pressentir une première hausse des taux en novembre, alors qu'ils ne l'attendaient qu'en décembre avant la publication du rapport sur l'emploi, selon CME FedWatch.
Les économistes estiment pour leur part que la vigueur du marché de l'emploi et l'amélioration des perspectives de croissance, auxquelles s'ajoutent des signes de timide reprise de l'inflation, pourraient inciter la Fed à augmenter à nouveau ses taux dès le mois de juin. La banque a déjà relevé son taux d'intervention en décembre, et ce pour la première fois en près de dix ans.
Après une première réaction positive, le dollar a touché son plus bas niveau d'une semaine face à l'euro et baissé contre le yen. Les cambistes estiment que la baisse du salaire horaire moyen l'emportera sur les créations d'emplois pour inciter la Fed à retarder toute hausse de ses taux directeurs.
"C'est une bonne nouvelle pour l'économie américaine mais l'absence de croissance des salaires laisse penser que la Fed ne sera pas pressée de relever ses taux", dit Vassili Serebriakov, responsable de la stratégie changes chez BNP Paribas (PA:BNPP) à New York.
Wall Street est hésitante aussi, avec un indice Standard & Poor's qui oscille autour de ses plus hauts de deux mois.
Le taux de participation, qui mesure la proportion de personnes en âge de travailler qui occupent ou recherchent activement un emploi, a augmenté de deux dixièmes de point à 62,9%, son plus haut niveau en un peu plus d'un an.
Autre élément positif du rapport, une mesure du chômage incluant les personnes souhaitant travailler mais ayant renoncé à rechercher un emploi et celles travaillant à mi-temps parce qu'elles n'ont pas trouvé d'emploi à temps plein a également baissé de 0,2 point à 9,7% en février.
Le taux d'emploi par rapport à l'ensemble de la population a lui aussi augmenté, à 59,8% le mois dernier, son plus haut niveau depuis avril 2009, contre 59,6% en janvier.
Les créations d'emplois ont concerné quasiment tous les secteurs à l'exception de l'industrie manufacturière et minière. Les mines ont perdu 171.000 emplois, depuis le pic de septembre 2014, et risquent d'en perdre encore en raison du marasme pétrolier, et l'industrie 16.000, après la hausse inattendue de janvier.
(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)