Dopée par le statut de l'auto-entrepreneur, la création d'entreprises a le vent en poupe en France, mais un nouveau défi attend le gouvernement: aider ces entreprises à passer le cap des premières années et à grossir suffisamment pour générer emploi et croissance.
Le Salon des entrepreneurs, qui s'ouvre mercredi pour deux jours à Paris, entend cette année accorder une large partie des débats à cette thématique.
"Passer de l'auto-entrepreneur à la très petite entreprise (TPE), de la TPE à la petite et moyenne entreprise (PME), de la PME à l'entreprise de taille intermédiaire (ETI)... la croissance des entreprises est devenu l'enjeu majeur du développement économique de notre pays", soulignent les organisateurs.
L'an dernier, plus de 620.000 entreprises ont été créées en France, un nouveau record qui s'explique en grande partie par le succès du statut de l'auto-entrepreneur.
Lancé début 2009, il permet à chacun de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître ses revenus, avec des démarches simplifiées et un régime fiscal avantageux.
Parce qu'il permet notamment de ne payer d'impôts et de cotisations sociales qu'en cas d'activité effective sous forme de chiffre d'affaires, il a logiquement attiré des chômeurs et personnes inactives, mais parfois sans projet précis.
"Il y a de grandes chances qu'un an après avoir créé leur entreprise, de nombreuses personnes se retrouvent à la case départ, en ayant subi un échec supplémentaire", prévient Eric Heyer, économiste à l'OFCE.
Le gouvernement le premier reconnaît que, contrairement à son voisin allemand, la France souffre d'un déficit d'entreprises de taille moyenne.
"Il y a un consensus aujourd'hui pour dire que les entreprises françaises sont trop petites et qu'il faut qu'elles grossissent pour exporter", affirme Thierry Millon, directeur des études d'Altares, spécialisée dans l'information sur les sociétés.
"Sur trois millions d'entreprises en France, 2,9 millions ont moins de cinq salariés", rappelle François Hurel, président de l'Union des auto-entrepreneurs.
Or ces petites entreprises sont particulièrement fragiles.
"Pour survivre, elles doivent être accompagnées, il faut leur fournir davantage de financements et de fonds propres", estime Thierry Millon. "Des mesures importantes ont été prises pour les aider à passer la crise, maintenant il faut leur donner les moyens de se développer", ajoute-t-il.
"Les PME ont du mal à obtenir des financement pour investir et embaucher", renchérit Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CGPME. "Et quand elles franchissent des seuils sociaux, en passant par exemple de 49 à 50 salariés, c'est 35 obligations administratives et financières nouvelles qu'elles doivent supporter", ajoute-t-il.
Or une étude de l'Insee publiée l'an dernier montrait que plus un créateur investit initialement dans son entreprise, par exemple dans l'achat de matériel ou la constitution de stocks, plus elle a de chance d'être pérenne.
Mardi dernier, le président Nicolas Sarkozy a annoncé que les PME industrielles bénéficieraient de l'équivalent de 3 milliards d'euros de prêts supplémentaires chaque année, financés par la mobilisation de 75% des dépôts supplémentaires sur les livrets A et de développement durable.
Pour Eric Heyer, "il faudra sélectionner très attentivement les entreprises que l'on veut développer et identifier les secteurs d'avenir susceptibles de gagner des parts de marché".