PARIS (Reuters) - Un Français soupçonné d'appartenir à un réseau djihadiste projetant un attentat dont les préparatifs étaient bien engagés a été interpellé jeudi, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Cette arrestation effectuée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a permis de "mettre en échec un projet d'attentat en France, conduit à un stade avancé", a-t-il précisé.
"L'individu interpellé, de nationalité française, est suspecté d'être impliqué à haut niveau dans ce projet. Il évoluait au sein d’un réseau terroriste qui projetait de frapper la France", a dit Bernard Cazeneuve lors d'une allocution retransmise depuis la place Beauvau.
On affirme de source policière qu'une petite quantité d'explosifs - du TATP, un mélange de produits chimiques en vente libre - a été découverte dans un appartement d'Argenteuil (Val-d'Oise) perquisitionné pour les besoins de cette enquête.
Des opérations de déminage préalables à des perquisitions par la DGSI ont été menées dans le bâtiment, dont les habitants ont été évacués.
Selon la chaîne iTELE, le suspect aurait été interpellé à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine.
Son nom, Reda K., est apparu le cadre d'une information judiciaire, ouverte en novembre dernier, qui ne porte pas sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), précise-t-on de source judiciaire.
CONDAMNÉ EN MÊME TEMPS QU'ABAAOUD
Le suspect, lui-même passé par la Syrie, avait été condamné en juillet dernier par défaut en Belgique pour avoir participé à une filière d'acheminement de candidats au djihad vers la Syrie, dit-on par ailleurs de source proche du dossier.
Lors de ce même procès, la justice belge avait également condamné Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d'avoir joué un rôle-clef dans la préparation des attentats du 13 novembre, et Chakib Akrouh, tué avec Abaaoud dans un assaut donné par les forces de sécurité contre un appartement de Saint-Denis le 18 novembre.
Lors de sa déclaration à la presse, Bernard Cazeneuve a souligné qu'"à ce stade, aucun élément tangible ne relie ce projet aux attentats de Paris et de Bruxelles".
Selon le ministre, cette arrestation résulte d'une enquête menée depuis plusieurs semaines, "qui a mobilisé d’importants moyens de surveillance physique et technique, ainsi qu’une coopération étroite et constante entre services européens".
Depuis le début de l'année, a dit le ministre de l'Intérieur, 75 suspects "en lien avec des activités terroristes" ont été interpellés en France. "Ces interpellations ont donné lieu à 37 mises en examen et 28 incarcérations", a-t-il ajouté.
Bernard Cazeneuve a participé jeudi à Bruxelles à une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur et de la Justice des pays de l'Union européenne à la suite des attentats contre l'aéroport et le métro de la capitale belge. Les Vingt-Huit ont à nouveau plaidé pour la conclusion rapide d'un accord sur l'échange de renseignements stratégiques.
(Myriam Rivet, Julie Carriat avec Service France, édité par Simon Carraud)