par Claire Milhench
LONDRES (Reuters) - Un contentieux entre le fonds souverain libyen et Société générale autour de supposés pots-de-vin versés à la société d'un intermédiaire lié à la famille Kadhafi donnera lieu jeudi à une audience de la Haute Cour britannique.
La Libyan Investment Authority (LIA) réclame un dédommagement de 2,1 milliards de dollars (1,86 milliard d'euros) à Société générale, lié à des transactions contestées faites de la fin 2007 à 2009, avant l'éviction du colonel Kadhafi.
L'audience pourrait donner des indications sur le calendrier d'un procès qui devrait avoir lieu en janvier 2017.
Société générale est la seconde banque internationale poursuivie par le LIA, qui gère pour 67 milliards de dollars d'actifs, devant la justice britannique. Le fonds poursuit également Goldman Sachs pour ses avis sur un milliard de dollars de transactions effectuées en 2008, affirmant qu'ils étaient inappropriés et dénués de toute valeur.
Goldman Sachs s'en défend et conteste l'action engagée par le fonds souverain.
Le LIA dit aussi que Société générale a versé au moins 58,5 millions de dollars à une société domiciliée au Panama, appelée Lenaida, pour des services de conseil attachés aux transactions contestées.
A cette époque, Leinada était contrôlée par l'homme d'affaires libyen Walid Giahmi, qui aurait été proche du fils de Kadhafi. Giahmi est également désigné comme prévenu dans ce dossier.
Des représentants de Giahmi, contactés à plusieurs reprises, n'ont pas répondu. Leinada n'ayant pas de représentation n'a pu être contactée.
Le fonds souverain dit aussi que ni Leinada ni Giahmi n'ont fourni le moindre service légitime à Société générale et poursuit en affirmant que les versements étaient des pots-de-vin destinés à l'inciter à endosser les transactions.
Le LIA n'apporte aucune preuve particulière mais il maintient que ni Leinad ni Giahmi n'ont démontré la moindre capacité de conseil ou de montage de transactions sur des dérives financiers.
Société générale s'est abstenu de tout commentaire sur ces affirmations.
Dans son rapport annuel publié en mars, elle dit les réfuter, ainsi que toute tentative de remettre en question la légalité de ces investissements.
Le département de la Justice des Etats-Unis avait adressé le 8 avril 2014 à Société générale une assignation à comparaître, sollicitant tout document lié aux transactions avec des personnes physiques ou morales libyennes, LIA comprise.
Société générale a dit qu'elle coopérait avec les autorités américaines.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Patrick Vignal)