PARIS (Reuters) - Cinq militaires français soupçonnés d'avoir commis des violences physiques ou d'avoir assisté à ces violences sans intervenir alors qu'ils étaient déployés en Centrafrique ont été suspendus, a annoncé samedi le ministère de la Défense dans un communiqué.
Quatre autres militaires soupçonnés d'avoir assisté à ces violences sans en avoir fait état ont également fait l'objet de sanctions disciplinaires.
Tous les militaires impliqués appartenaient au moment des faits au 2e régiment d'infanterie de marine (2e RIMa) basé à Auvours, près du Mans (Sarthe), a-t-on appris auprès du ministère de la Défense.
Selon une source judiciaire, les faits remonteraient au premier semestre 2014 et concernent deux cas distincts de violences physiques dont les victimes sont deux Centrafricains.
Ils ont été portés à la connaissance de la hiérarchie militaire fin avril et ont été immédiatement signalés aux autorités judiciaires, avec mise en place d'une enquête de commandement à ce sujet.
Les mesures de suspension ont été prises "à réception de l'enquête et au vu de la gravité des faits", peut-on lire dans le communiqué du ministère.
"Une procédure disciplinaire devant conduire à la réunion d'un conseil d'enquête ; conseil d'enquête préalable à toute éviction de l'institution" a simultanément été engagée pour ces "cinq militaires, auteurs de violences ou responsables hiérarchiques ayant assisté et laissé faire ces violences", est-il précisé.
Le contenu de l'enquête de commandement a été transmis vendredi soir au parquet de Paris, à sa demande.
Une information judiciaire contre X sur des soupçons de viols de mineurs commis par des soldats français en Centrafrique en 2013 et 2014 a été ouverte en mai 2015 en France.
Parallèlement, plusieurs enquêtes préliminaires ont été ouvertes concernant des soupçons d'abus sexuels et visant des militaires français basés en Centrafrique, notamment à la suite d'informations recueillies par les Nations unies.
L'opération française Sangaris, qui n'est pas sous commandement de l'Onu, a été déclenchée en décembre 2013 pour mettre fin au cycle de violences entre communautés en République centrafricaine et a compté jusqu'à 2.000 hommes au plus fort du conflit.
Avec l'amélioration de la situation dans le pays, la France a décidé de se désengager progressivement d'ici à la fin de cette année.
(Myriam Rivet et service France, édité par Eric Faye)