par Jean-François Rosnoblet
CHATEAURENARD, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis jeudi de "rétablir l'autorité de l'Etat sur chaque centimètre carré de la République française", lors de son premier meeting de candidat à Châteaurenard, dans les Bouches-du-Rhône, terres où fleurit le vote Front national.
L'ex-chef de l'Etat, qui a officialisé lundi sa candidature à la primaire de la droite des 20 et 27 novembre prochains, s'est posé en chantre de la sécurité et en défenseur de l'identité française face à une politique migratoire "qui n'a plus aucun sens".
"Je veux être le président qui rétablira l'autorité de l'Etat sur chaque centimètre carré de la République", a-t-il déclaré devant environ 2.000 militants.
"Je ne serai pas le candidat de l'eau tiède, je ne serai pas le candidat des demi-solutions", a ajouté Nicolas Sarkozy en s'attaquant ouvertement à François Hollande. "Je ne serai jamais celui qui louvoie, le candidat des compromis bancals, des synthèses si subtiles qu'il n'en reste rien."
Sans surprise, Nicolas Sarkozy a dit soutenir "sans réserve" les maires qui ont pris des arrêtés contre le burkini.
Ce vêtement de bain qui recouvre l'essentiel du corps est au coeur d'une polémique qui divise le gouvernement, plusieurs ministres ayant pris leurs distances avec la multiplication des arrêtés d'interdiction, soutenue par le Premier ministre.
"Je demande une loi d'interdiction sur tout le territoire de la République", a annoncé Nicolas Sarkozy, déplorant ce choix vestimentaire dans lequel il voit une "provocation".
Toujours distancé dans les sondages par l'ancien Premier ministre Alain Juppé pour la course à l'investiture de la droite, Nicolas Sarkozy a toutefois vu sa cote de popularité remonter après l'attaque qui a fait 86 morts à Nice le 14 juillet, et l'assassinat d'un prêtre dans une église de Seine-Maritime, le 26 juillet.
Au croisement des départements du Gard, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, le choix de Châteaurenard pour ce premier meeting, très axé sur les problématiques de sécurité, d'identité nationale et d'immigration, n'avait rien d'anodin.
IDENTITÉ "MENACÉE"
Le choix de cette place-forte de la droite, enserrée dans un territoire fracturé où grandit l'influence du FN incarné par Marion Maréchal-Le Pen, députée du Vaucluse depuis 2012, peut être analysé comme une tentative de séduire, comme en 2007, les électeurs tentés par l'extrême droite.
Dans cette région clef pour 2017, où Nicolas Sarkozy compte de nombreux soutiens, le désormais ex-président des Républicains a longuement décliné les thématiques de l'identité nationale et de l'immigration, sujets de prédilection du FN.
"Je l'assume, notre identité est menacée (…) quand on laisse des minorités nous imposer un mode de vie qui ne sera jamais le nôtre", a lancé Nicolas Sarkozy.
"J'en ai assez que l'on prenne des faux prétextes pour ne pas agir. L'Etat de droit ne peut pas être un Etat de faiblesse", a poursuivi celui qui prône une réduction "drastique" du nombre d'étrangers accueillis chaque année.
Pendant près d'une heure, le candidat à la primaire de la droite a décliné les mesures de son programme, de la réduction de 10% de l'impôt sur le revenu à la suppression de tout impôt sur les successions jusqu'à 400.000 euros, en passant par l'instauration d'un service militaire obligatoire pour les jeunes de 18 ans sans emploi ou en formation.
Plus tôt dans la journée, Manuel Valls avait dénoncé "la brutalité de ses propositions".
"Il suit l'extrême droite, il embarque progressivement la droite républicaine, et d'ailleurs même les autres candidats aux primaires, y compris Alain Juppé, se laissent entraîner dans ce mouvement, dans cette voie-là, et ça m'inquiète", avait dit le Premier ministre sur BFM TV.
"Le peuple n'est pas xénophobe parce qu'il considère qu'il y a un problème avec l'immigration", lui a indirectement répondu Nicolas Sarkozy pendant son meeting.
"Il n'est pas raciste parce qu'il considère qu'il y a un problème avec l'islam fondamentaliste. Il n'est pas fasciste parce qu'il considère qu'il y a un problème d'insécurité."
Au premier rang, dans la salle, figuraient notamment le président de l'Association des maires de France, François Baroin, "mieux placé", selon ses propres termes, pour devenir son Premier ministre s'il est élu, et Christian Jacob, chef de file des Républicains à l'Assemblée nationale.
Dans l'assistance, les supporteurs de l'ex-chef de l'Etat l'ont applaudi aux cris de "Nicolas, Nicolas".
"J'aime son discours, il donne envie de le suivre", a dit Marie-France Leydier, retraitée de 69 ans. "Nicolas est de retour", a simplement résumé une autre femme en quittant les lieux.
(avec Ingrid Melander, édité par Chine Labbé)