Les ministres des Finances de la zone euro ont exhorté jeudi la coalition populiste au pouvoir en Italie à revoir son budget afin d'éviter un conflit douloureux avec Bruxelles, susceptible de mettre la zone euro en danger.
"Je souhaite que l'Italie saisisse la main tendue par la Commission en prenant les mesures appropriées", a déclaré le Français Bruno Le Maire à son arrivée à une réunion avec ses homologues à Luxembourg. "Il y a des règles dans la zone euro, nous essayons tous de les respecter", a-t-il poursuivi.
La Commission européenne a ouvert la semaine dernière la voie à des sanctions financières contre l'Italie en estimant qu'une procédure disciplinaire était "justifiée" à son encontre à cause de sa dette colossale (132% du PIB), que le gouvernement laisse filer.
L'ouverture d'une "procédure pour déficit excessif", qui ne sera effective qu'au terme d'un processus complexe nécessitant l'approbation des autres Etats membres, peut aboutir à terme à des sanctions allant jusqu'à 0,2% du PIB italien, soit environ 3,5 milliards d'euros.
"En fin de compte, les règles ne sont pas seulement quelque chose qui est écrit sur un papier, elles ont des objectifs", a insisté le ministre allemand, Olaf Scholz.
"Ma porte est ouverte", a pour sa part rappelé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
"Je suis prêt à examiner des chiffres nouveaux, des mesures nouvelles" qui montreraient "clairement que l'Italie est dans les clous", a-t-il ajouté.
Selon la Commission, la dette italienne risque d'atteindre de nouveaux records dans les prochaines années - 132,2% du PIB en 2018, puis 133,7% en 2019 et 135,7% en 2020, bien au-delà du seuil de 60% fixé par les règles européennes - à cause des mesures promises par son gouvernement, qui réunit la Ligue (extrême droite) et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème).
"Nous n'avons pas besoin de mesures correctives, sinon nous le ferions", a cependant prévenu le ministre italien des Finances, Giovanni Tria, à son arrivée à Luxembourg.
"Nous sommes en train de négocier sur les objectifs de déficit et nous démontrerons que nous les atteindrons parce ces objectifs nous mettent en position de sécurité", a-t-il dit.