PARIS (Reuters) - Manuel Valls a réaffirmé son soutien à François Hollande, dans un entretien diffusé dimanche soir par France 24 et RFI après quelques jours de tensions croissantes au sein du couple exécutif.
"Je n'ai pas à démontrer ma loyauté, elle est là, chacun le reconnaît, vis-à-vis du président de la République, vis-à-vis des institutions", a déclaré le Premier ministre dans cette interview enregistrée dimanche soir à Abidjan (Côte d'Ivoire), dernière étape d'une tournée de quatre jours en Afrique de l'Ouest entamée vendredi.
Assurant respecter François Hollande en tant qu'homme - "c'est un ami" - Manuel Valls a ajouté avoir "du respect aussi par rapport à la fonction" en soulignant que "personne ne doit participer d'un jeu qui viserait à affaiblir le président de la République."
Mais pour Manuel Valls cette loyauté et ce respect n'empêchent pas la "franchise" et il est "essentiel" de "préserver nos institutions, la fonction présidentielle, la force que cela représente dans notre pays".
A six mois du premier tour de l'élection présidentielle, le Premier ministre, qui s'était jusqu'ici toujours montré loyal à l'égard du président de la République, semble commencer à prendre ses distances tout en tentant de cultiver une image de présidentiable, avec la multiplication des appels à l'unité de la gauche.
Selon des propos rapportés par Le Monde dans son édition datée de samedi, l'ouvrage "Un président ne devrait pas dire ça..." a provoqué la "colère" de Manuel Valls et a suscité selon lui une forme de "honte" et d'"abattement" chez les militants et les élus socialistes.
François Hollande, malmené dans les sondages et contesté dans les rangs socialistes depuis la parution de cet ouvrage, a refusé samedi de polémiquer sur les déclarations prêtées à son Premier ministre et appelé à se concentrer sur les "sujets de préoccupation des Français".
Mais le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, un fidèle du chef de l'Etat, a rappelé dimanche lors du Grand rendez-vous Europe 1-iTELE-Les Echos que "le patron, jusqu'à nouvel ordre, c'est le président de la République".
Alors qu'aucun candidat déclaré ou pressenti à gauche ne semble pour l'heure en mesure de se qualifier pour le second tour de la présidentielle, Manuel Valls a une nouvelle fois appelé la gauche au rassemblement pour éviter l'élimination au premier tour de la présidentielle du printemps.
"Il faut agir en responsabilité, nous ne sommes pas dans une cour de récréation ni dans un bac à sable", a dit le Premier ministre sur RFI et France 24. "Le destin de chacun d'entre nous passe derrière la responsabilité collective", a-t-il ajouté.
Pour le Premier ministre, la victoire de la gauche à la présidentielle est possible sous réserve qu'elle soit unie.
"C'est cette discussion là que nous devons avoir ensemble, comment nous pouvons gagner ensemble", a dit Manuel Valls, dont les précédents appels à l'unité ont été rejeté par ses anciens ministres Benoît Hamon et Arnaud Montebourg - candidats à la primaire socialiste - mais aussi Emmanuel Macron, qui entretient toujours le suspense sur son éventuelle candidature à la présidentielle de 2017.
En attendant que François Hollande précise ses intentions en vue du scrutin du printemps, début décembre, le Premier ministre a laissé ouvert le champ des possibles.
"Je veux être à la hauteur de la responsabilité du moment c'est-à-dire faire en sorte que (...) la gauche puisse demain l'emporter. Et moi, j'y contribuerai, d'une manière ou d'une autre."
(Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)