Le Bélarus, pays ex-soviétique à l'économie dirigiste, a demandé au FMI un prêt massif pour sortir de la crise financière dans laquelle il est plongé depuis plusieurs mois, alors que les perspectives d'obtention d'un crédit auprès de la Russie sont encore incertaines.
Le gouvernement bélarusse a annoncé mercredi s'être adressé la veille au Fonds monétaire international pour demander un crédit de stabilisation, sans toutefois en préciser le montant.
"Nous estimons le montant du soutien entre 3,5 et 8 milliards de dollars", a déclaré un peu plus tard le Premier ministre Mikhaïl Miasnikovitch, précisant que le crédit sollicité concernait une période de trois à cinq ans.
Les autorités du pays ont fait cette demande alors qu'une mission du FMI visant à contrôler les conditions de la mise en oeuvre d'un précédent accord de prêt a débuté ses travaux à Minsk mercredi, pour les achever le 14 juin.
"Nous avons décidé d'ajouter à ces travaux l'examen d'approches pour mettre en place un nouveau programme de coopération avec le Fonds", a expliqué le chef du gouvernement.
Le FMI a confirmé à Washington avoir reçu une demande.
"Le Fonds monétaire international a reçu une demande d'aide financière des autorités du Bélarus", a déclaré une porte-parole, Olga Stankova. La mission sur place "va profiter de l'occasion pour discuter avec les autorités d'éventuelles nouvelles mesures en réponse à leur demande", a-t-elle ajouté.
Le Fonds avait déjà accordé en janvier 2009 un prêt de 3,5 milliards de dollars à ce pays d'Europe orientale, et s'était déclaré prêt, en novembre 2010, à octroyer un nouveau crédit en cas de besoin.
Mais c'était avant que le régime du président Alexandre Loukachenko ne fasse l'objet de nouvelles sanctions de l'Union européenne en raison de la répression de l'opposition depuis décembre dernier.
Le pays est confronté à la plus grave crise depuis l'arrivée au pouvoir de M. Loukachenko il y a près de 17 ans, alors que Minsk se targuait de faire figure de "miracle économique" dans l'ex-URSS.
Le Bélarus est plombé par un déficit commercial abyssal, et a vu fondre ses réserves en devises, conséquence notamment de la hausse progressive des prix des matières premières fournies par la Russie et des dépenses engagées lors de la campagne pour la présidentielle de décembre 2010.
Les autorités ont été contraintes d'assouplir à plusieurs reprises depuis le début de l'année leur politique monétaire, avec pour point d'orgue une dévaluation massive du rouble bélarusse la semaine dernière et le relèvement du principal taux de la Banque centrale de deux points, à 16%.
Ces mesures étant toutefois insuffisantes pour redresser la barre, Minsk s'est aussi tourné vers la Russie et d'autres partenaires de l'ex-URSS, regroupés au sein de la Communauté économique eurasiatique, pour obtenir un crédit de plus de trois milliards de dollars sur trois ans.
Mais alors qu'une décision finale doit être prise le 4 juin, cette perspective semble encore très incertaine, des tensions avec Moscou ayant émergé.
Pour accorder ce crédit, la Russie voudrait en contrepartie que Minsk procède à d'importantes privatisations, ce qu'Alexandre Loukachenko est réticent à faire.
Par ailleurs, ce dernier a menacé d'interdire plusieurs médias russes pour leur couverture selon lui négative de la crise au Bélarus. Le Kremlin a aussitôt averti que cela pourrait remettre en cause l'octroi du prêt.
La nouvelle demande de prêt au FMI est un signe d'"effondrement complet" du pays, mais le paiement ne doit se faire qu'en échange de changements politiques, a estimé sur Twitter Carl Bildt, le chef de la diplomatie suédoise, l'une des voix les plus critiques ces derniers mois du régime d'Alexandre Loukachenko.