TOULOUSE (Reuters) - Ségolène Royal a annoncé vendredi à Toulouse un financement de 75 millions d’euros pour la phase de réalisation du projet de satellite MicroCarb, lancé par le Centre national d'études spatiales (Cnes) pour mesurer la répartition du CO2 au plan planétaire et lutter contre le réchauffement climatique.
Cette enveloppe au titre du programme d’investissements d’avenir vient compléter une première tranche de financement de l’Etat français à ce projet d'envergure de 25 millions d’euros, annoncée en décembre 2015 lors de la COP21.
"C’est un moment historique pour l’accord de Paris qui a été ratifié par 134 pays avec la signature hier de l’Ethiopie. La France sera le premier pays européen à lancer un satellite de mesure de la concentration en CO2 atmosphérique après le Japon, les Etats-Unis et la Chine", a déclaré la ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer.
Le projet MicroCarb, dont le coût global de 175 millions d’euros sera également supporté par le Cnes, la Commission européenne et l'Agence spatiale du Royaume-Uni, vient selon Ségolène Royal "consolider la place de la France à l’avant-garde du combat climatique".
Cette mission de cinq ans prévoit le lancement d'un micro-satellite à Kourou fin 2020.
Son objectif sera de cartographier à l'échelle de la planète les sources et les puits du principal gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone (CO2), dont l’augmentation constante de la concentration, provoquée par les activités humaines, est à l’origine du réchauffement climatique.
PRENDRE LA RELÈVE
Avec le lancement de MicroCarb, la France prendra ainsi la relève dans la mesure du CO2 atmosphérique du Japon, qui a lancé son satellite "Gosat" en 2009, de la Nasa avec son satellite "OCO-2" mis en orbite en 2014 et de la Chine dont le satellite "Tan Sat" a été lancé fin 2016.
"Le but de cette mission est de mieux comprendre les mécanismes d’échange entre les sources naturelles ou anthropiques qui émettent du CO2 et les puits qui les absorbent comme les océans ou les forêts, surtout dans les régions de la planète qui ne font actuellement pas l'objet de mesures terrestres", explique François Buisson, chef du projet MicroCarb au Cnes.
"L'objectif est de pouvoir contrôler les émissions liées aux activités humaines, qui représentent environ 5% des émissions totales et rajoutent environ 10 giga tonnes de carbone aux flux annuels de CO2 qui sont de l'ordre de 200 giga tonnes", précise François Buisson.
Pour cette mission, le micro-satellite MicroCarb sera équipé d'un spectromètre à réseau capable de mesurer la teneur en CO2 sur l'ensemble de la colonne atmosphérique avec une grande précision.
Cet instrument sera inséré sur une plate-forme issue de la filière Myriade développée par le Cnes en partenariat avec les industriels Airbus (PA:AIR) Defence and Space et Thalès Alenia Space. La plate-forme Myriade a déjà été utilisée pour la réalisation de 19 satellites dont 17 ont déjà été lancés et opérés depuis 2004.
(Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse)