La chancelière allemande et le président français doivent tenter vendredi à Berlin de relancer leur coopération, avec son effet d'entrainement au sein de l'Union européenne plongée dans la crise de la dette grecque.
Depuis l'échec mardi des ministres des Finances de la zone euro à trouver un compromis sur la façon d'impliquer les créanciers privés dans l'aide à la Grèce, les attentes se sont reportées vers Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.
Français comme Allemands assurent dans les mêmes termes qu'on "ne fera rien qui aille à l'encontre de l'avis de la Banque centrale européenne" et semblent donc confier à la BCE la recherche d'un compromis avant le Conseil européen de jeudi et vendredi prochain.
Celle-ci insiste pour que les créanciers privés de la Grèce ne soient appelés que sur une base volontaire à accorder un sursis à un pays dont les agences de notation attendent la banqueroute.
Le gouvernement fédéral en revanche, pour s'assurer le soutien du Bundestag de plus en plus regardant sur les deniers de l'Allemagne, demande que tous les créanciers soient priés d'échanger leurs titres contre les obligations grecques à maturité plus longue. Pour la BCE, un tel échange contraint équivaudrait à reconnaître qu'Athènes est en défaut de paiement.
Mais au delà de la crise grecque, Berlin comme Paris cherchent à resserrer les liens distendus par les différences de style entre l'impétueux Français et l'Allemande réservée, et par le manque de concertation entre les deux capitales.
Tour à tour, celles-ci ont adopté des décisions sans consulter leur partenaire traditionnel, depuis le lancement de l'Union pour la Méditerranée par M. Sarkozy en 2007 à l'abandon de l'énergie nucléaire par Mme Merkel cette année.
"Il ne peut plus y avoir de surprises", insistent des responsables français cités jeudi dans la presse allemande. Ils regrettent le "manque de conversations confidentielles" entre les deux dirigeants. De fait, la chancelière et le président ne se sont plus rencontrés au sommet depuis décembre 2010 à Fribourg.
Du côté de la chancellerie, on reconnaît que les deux parties se sont souvent déçues mutuellement mais sont "condamnées à s'entendre".
La France et l'Allemagne cherchent notamment à coordonner leurs positions sur la Syrie, le processus de paix au Moyen Orient ou les modalités de l'adhésion de la Croatie à l'UE, indiquent des diplomates européens.
Elles sont désormais sur la même longueur d'ondes sur la Libye. Berlin a reconnu samedi l'opposition basée à Bengazi comme représentant du peuple libyen, après avoir critiqué Paris pour avoir le premier fait cette démarche.
L'Allemagne n'exclut plus une contribution militaire à la reconstruction de la Libye après la guerre, après avoir même refusé que ses navires de guerre fassent respecter l'embargo contre Tripoli.
Les ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et Guido Westerwelle, vivement opposés depuis que l'Allemagne a refusé aux Nations unies d'approuver les opérations militaires pour soutenir les civils en Libye, se retrouvent d'ailleurs ce week-end à Bordeaux (sud-ouest de la France) comme pour célébrer la collaboration retrouvée.
L'Allemagne, de plus en plus consciente de la force de son économie, a manifesté parfois dans les discours de certains élus et dans des éditoriaux de la condescendance envers la France et son président impopulaire.
Mais la presse allemande a souligné ces derniers jours les succès de la diplomatie française, qui a pris la tête de la guerre contre le dirigeant libyen Mouammar Khadafi, imposé la candidature de l'Italien Mario Draghi pour succéder au Français Jean-Claude Trichet à la direction de la BCE, et dont le ministre des Finances Christine Lagarde est bien placée pour prendre les rennes du Fonds Monétaire International.