Le marché des logements anciens commence à se gripper, avec une baisse du nombre des transactions au premier semestre, en raison de la forte hausse des prix, ce qui devrait éviter la formation d'une "bulle" immobilière en France en raison d'une pénurie d'habitations contrairement aux Etats-Unis et en Espagne.
Les prix des logements anciens ont augmenté de 7,4% sur un an au premier semestre 2011, mais le nombre de transactions a baissé de 7,1%, selon des données publiées mardi par Century 21, un des plus importants réseaux d'agences immobilières de l'Hexagone.
"Le marché s'autorégule et évite qu'une bulle immobilière se forme", a affirmé Laurent Vimont, président de Century 21, en commentant cette étude portant sur plus de 20.000 transactions réalisées par ce réseau au cours des six premiers mois de 2011.
La baisse des transactions est confirmée par Laforêt, autre grand réseau. "Nous enregistrons une baisse de 2% pour les quatre premiers mois de l'année comparé à la même période de l'an dernier", indique Jean-Philippe Daviau, son directeur marketing.
Déjà les notaires parisiens avaient fait état, le 23 juin, d'une baisse du nombre de transactions dans la capitale (-7% sur un an à 7.300 ventes) pour la période février-avril 2011.
Mais cela n'a pas empêché le prix moyen d'une transaction de franchir, pour la première fois, le cap symbolique des 200.000 euros (210.438 euros) en métropole.
La flambée des prix à Paris intra-muros contribue grandement à tirer les prix à la hausse, avec une augmentation de 17,9% sur un an pour atteindre 8.344 euros/m2 en moyenne, un nouveau record, soit un bond de plus de 1.200 euros en 12 mois.
Cette forte hausse a entraîné la mise à l'écart des moins de 30 ans. La part de cette tranche d'âge parmi les acquéreurs chute drastiquement: près de 10% en métropole et surtout près de 20% en Ile-de-France et plus de 25% à Paris, selon Century 21.
Autre cause: la remontée des taux d'intérêt des crédits immobiliers s'est établie en moyenne à 3,86% en juin contre 3,82% en avril. Les taux poursuivent leur remontée après un plus bas (3,22%) depuis 1945 atteint en novembre 2010, selon une étude de l'Observatoire Crédit Logement/CSA publiée mardi.
Ils sont désormais revenus au niveau de l'été 2006 lorsque le marché immobilier était en pleine expansion, avant la crise, souligne Crédit Logement.
"Sur 100 dossiers de crédits immobiliers qui étaient finançables en décembre 2010, 15 ne le sont plus aujourd'hui", affirme le courtier Empruntis.com dans un communiqué.
Pour Maël Bernier, porte-parole d'Empruntis.com, "c'est un chiffre préoccupant pour le pouvoir d'achat des Français en matière d'immobilier. Même si cela était affiché dans les priorités du chef de l'Etat à son arrivée, les Français qui souhaitent devenir propriétaires sont aujourd'hui dans une situation compliquée, particulièrement les primo-accédants".
"Les vendeurs croient encore que tout se vend et que tout augmente. Ils ont enregistré les hausses de prix du passé mais ont totalement occulté la baisse des volumes de vente constatée par tous les analystes", indique de son côté Sébastien de Lafond, président du courtier MeilleursAgents.com.
Pour M. de Lafond "les acheteurs, eux, ont compris la nouvelle dynamique du marché et parient sur la baisse des prix. Il faudra au moins encore six mois avant de constater une baisse réelle des prix dans les statistiques du marché".