Les principaux responsables de la zone euro ont appelé lundi les gouvernements à tenir leurs promesses pour résoudre la crise de la dette en mettant en place rapidement le second plan d'aide à la Grèce, alors que de fortes incertitudes pèsent sur son application.
"L'application totale et dans les temps des décisions prises à l'issue du sommet du 21 juillet est essentielle", a déclaré le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet lors d'une audition au Parlement européen à Bruxelles.
La zone euro s'était à l'origine fixé comme objectif de régler début septembre les détails techniques de ce deuxième plan d'aide à la Grèce. A quelques jours de cette échéance, de nombreuses incertitudes demeurent.
L'appel de M. Trichet a été repris en choeur par le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn et par le chef de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, également entendus au Parlement européen.
M. Rehn a appelé "les pays de l'Union monétaire à accélérer l'approbation des mesures" décidées le 21 juillet.
Quant à M. Juncker, il a estimé qu'il valait "mieux traduire dans les faits les décisions du 21 juillet que de lancer de nouvelles idées immatures", alors que des garanties exigées par la Finlande pour aider la Grèce font craindre que les tractations durent plus longtemps que prévu.
Helsinki a révélé mi-août avoir conclu un accord avec Athènes portant sur des garanties en liquide, ce qui a été refusé par les autres pays de la zone euro.
L'idée de donner en gage des participations de l'Etat grec dans des entreprises publiques a ensuite été évoquée, mais elle suscite aussi de fortes réserves. En outre, plusieurs pays de la zone euro, comme l'Autriche ou les Pays-Bas, réclament le même traitement de faveur que Helsinki.
"Je n'aime pas ce mécanisme, je n'aime pas les arrangements bilatéraux conclus entre Etats", a affirmé M. Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, promettant toutefois un accord bientôt sur ce sujet.
"Nous sommes tout près de trouver une solution" dans le cadre de négociations en cours de hauts fonctionnaires des pays de l'Union monétaire, avec "une proposition qui, je crois, va satisfaire tous les Etats membres de la zone euro", a-t-il déclaré, sans donner de détails.
Mais il reste d'autres embûches: certains Parlements nationaux pourraient tout simplement ne pas voter en faveur de ce sauvetage, notamment la Slovaquie qui a déjà refusé de participer au premier plan d'aide à la Grèce au printemps 2010.
En Allemagne, le projet de doter le Fonds de secours de la zone euro de la capacité d'acheter de la dette publique de pays en difficulté sur les marchés, afin de soulager la BCE qui est la seule à le faire aujourd'hui, suscite aussi une vive polémique interne.
Autre souci: la participation du secteur privé, une première dans ce type de sauvetage, pourrait ne pas être à la hauteur des attentes, compromettant le plan d'un montant total de 160 milliards d'euros.
Ces tensions surviennent dans un contexte économique difficile pour la zone euro, ont reconnu la Commission européenne et la BCE.
Les perspectives de croissance à court terme se sont assombries depuis le printemps, a reconnu M. Rehn, lui aussi entendu par le Parlement européen.
"Nous continuons à estimer que la zone euro va croître à un rythme modeste. L'incertitude reste particulièrement élevée" en raison de la situation budgétaire globale fragile de nombreux pays, a pour sa part affirmé M. Trichet.
La BCE s'attend à ce que l'inflation reste au-dessus de 2% dans les prochains mois, soit le seuil maximum qu'elle tolère sur le moyen terme.
Mais, a ajouté M. Trichet, la BCE est en train d'évaluer "les risques" inflationnistes dans le contexte du ralentissement économique. Ce qui pourrait ouvrir la voie à un assouplissement de sa position sur ce front.