Un vent de panique souffle sur les banques françaises, très exposées à la crise de la dette des pays à risque de la zone euro et en chute libre à la Bourse de Paris, poussant leurs dirigeants à multiplier les déclarations pour rassurer les marchés et les épargnants.
Après la Société générale, c'est BNP Paribas, première banque française, qui suscitait mardi l'affolement à la Bourse de Paris, prompte à réagir à la moindre rumeur ou information alarmiste.
BNP Paribas a ainsi été obligée de démentir formellement les propos prêtés à un cadre anonyme de la banque rapportés par le Wall Street Journal, faisant état de son incapacité à trouver des liquidités en dollars aux Etats-Unis.
La banque assure qu'elle "se finance tout à fait normalement en dollars". Mais son cours chutait de plus de 7% mardi en fin de matinée, tandis que la Société générale reculait de 3%, dans un marché en baisse de plus de 2%
Les investisseurs redoutent un blocage du système bancaire, tel qu'il s'était produit en 2008, après la faillite de Lehman Brothers. Les banques ne se prêtaient plus entre elles, et les Etats avaient dû intervenir massivement pour éviter un effondrement du système.
Les grandes banques françaises sont malmenées depuis plusieurs semaines en Bourse en raison de leur exposition à la crise de l'endettement en zone euro. BNP Paribas est ainsi exposée à 4 milliards d'euros à la dette souveraine grecque, et la Société générale à 1,1 milliard d'euros.
La Société Générale, considérée comme la plus fragile des banques françaises, a vu sa valeur fondre de plus de 60% depuis juillet. Pour elle, désormais, il s'agit autant de rassurer les investisseurs que les épargnants, que cette crise du secteur bancaire pourrait inciter à retirer leur argent.
"Je rassure les épargnants, je rassure nos clients, tout fonctionne, il n'y a pas de souci. Nous sommes concentrés pour leur assurer, comme d'habitude, le meilleur service possible", a déclaré son patron, Frédéric Oudéa, à la radio RTL.
Les banques françaises ont beaucoup prêté aux pays fragiles de la zone euro, et elles sont vulnérables à une éventuelle faillite de la Grèce, désormais évoquée ouvertement, en Allemagne en particulier.
"La priorité absolue est d'éviter un défaut de paiement incontrôlé, parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d'autres pays, est très élevé", a relevé mardi la chancelière allemande Angela Merkel.
Son ministre de l'Economie, le libéral Philipp Rösler, avait envisagé dans une tribune de presse lundi l'éventualité d'un défaut de paiement d'Athènes, mettant le feu aux Bourses européennes.
Les banques françaises sont de ce fait sous la menace d'une dégradation de leur notation par l'agence Moody's qui pourrait intervenir dans les prochains jours.
Le Premier ministre français François Fillon avait affirmé lundi qu'il ne pouvait "pas y avoir de doute" sur l'engagement de la France "à protéger la zone euro" et assuré que la solidarité ne serait "pas rompue".
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a également cherché à rassurer. "Quel que soit le scénario grec et donc quelles que soient les provisions à passer, les banques françaises ont les moyens d’y faire face", a-t-il déclaré.
Mais au-delà de la Grèce, la presse et les investisseurs soulignent par exemple que BNP Paribas a dans son bilan 21 milliards d'euros de dette italienne.
Un soutien de l'Etat au secteur bancaire est désormais envisagé, même si le gouvernement rejette pour l'instant l'idée d'une nationalisation partielle des établissements les moins solides.
Si les banques demandent l'aide de l'Etat, "cela ne pourrait se faire que par une participation au capital", a en revanche estimé François Hollande, candidat à la candidature socialiste pour la présidentielle de 2012.