Le Premier ministre grec Georges Papandréou a tenté mardi de rassurer les Allemands, affirmant que son pays faisait "des efforts surhumains" pour surmonter une crise qui inquiète le monde entier.
Ces déclarations à Berlin interviennent après de nouvelles critiques lundi du président américain Barack Obama, de plus en plus agacé par les atermoiements européens face à leurs problèmes de dettes.
"Je peux vous garantir que la Grèce va remplir tous ses engagements", a promis M. Papandréou, invité à la conférence annuelle de la Fédération allemande des industriels (BDI). Le chef de gouvernement a invité les Allemands à cesser leurs "critiques permanentes" contre son pays et à mesurer l'effort politique "surhumain" d'Athènes et "les sacrifices" consentis par les Grecs.
Malgré la perspective d'une grève générale le 19 octobre, le gouvernement socialiste de M. Papandréou est déterminé à mettre en oeuvre de nouvelles mesures de rigueur, incluant une taxe sur l'immobilier, la mise en chômage technique de milliers de salariés du secteur public et une nouvelle baisse du seuil d'imposition.
M. Papandréou devait dîner avec la chancelière Angela Merkel en fin de journée, après des déclarations des deux chefs d'Etat devant la presse.
Nul doute que les grandes manoeuvres européennes pour parachever le plan de sauvetage de la Grèce seront au menu de leurs discussions, deux jours avant un vote clé des députés allemands sur le sauvetage de l'euro.
Alors que les rues d'Athènes étaient livrées mardi à des embouteillages géants pour la deuxième journée consécutive, en raison d'une grève des transports en commun, les créanciers du pays menacent de ne pas verser en octobre la sixième tranche du prêt consenti en mai 2010, vitale pour prévenir une cessation de paiement.
Le monde entier craint une faillite de la Grèce qui pourrait déséquilibrer le système financier européen, plonger la zone euro dans une récession et par ricochet toucher l'économie mondiale, selon le pire des scénarios.
"Les Européens traversent une crise financière qui fait peur au monde", a affirmé lundi Barack Obama lors d'un forum dans la Silicon Valley.
Le président des Etats-Unis, dont l'économie est toujours convalescente, a jugé que les décisions des Européens pour enrayer la crise n'ont "pas été aussi rapides qu'elles auraient du" l'être.
Les marchés financiers, paniqués par la crise de la dette en Europe et des signes de ralentissement économique mondial, ont chuté depuis l'été.
Toujours très nerveux et volatiles, ils ont repris un peu de souffle depuis vendredi, portés par l'engagement des pays du G20 "à apporter une réponse forte" à la crise et, surtout, des espoirs de nouvelles mesures de la BCE pour donner des liquidités aux banques.
Mardi, les Bourses européennes poursuivaient leur rebond, Paris gagnant 3,29%, Londres 2,74% et Francfort 3,40% vers 10H00 GMT.
Les députés allemands devraient donner jeudi à une très large majorité leur feu vert à l'élargissement de l'enveloppe et des compétences du fonds de secours européen créé en 2010 (FESF) pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté.
Le vote de l'Allemagne, première économie européenne et premier contributeur au fonds avec 200 milliards d'euros de garanties, devrait lui donner une impulsion décisive. Même si la mise en oeuvre de ce mécanisme de sauvetage nécessite l'aval des 17 membres de la zone euro et que certains pays, comme la Slovaquie, se font encore prier.
Le FESF est doté d'une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros. Il a aidé le Portugal et l'Irlande, mais pas la Grèce qui a eu droit auparavant à un dispositif distinct. Sa palette d'outils a été élargie le 21 juillet.
Les dirigeants européens espèrent avoir bouclé le FESF élargi d'ici à la mi-octobre, alors même que les discussions font déjà rage sur un nouveau renforcement, afin de pouvoir venir en aide à l'Italie ou l'Espagne.
Les dirigeants européens ont étalé leurs dissensions sur le sujet lundi soir, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, se disant opposé à toute nouvelle augmentation de sa capacité de prêts.