L'agence de notation Fitch a abaissé vendredi à "négative" la perspective de la note de la France, déjà menacée d'une perte imminente de son précieux triple A par Standard & Poor's, ce qui place le pays sous la pression des trois grandes agences, en pleine crise de la zone euro.
Fitch Ratings a annoncé qu'elle maintenait à la France son "AAA", la meilleure note possible, concernant sa dette à long terme, mais qu'elle l'assortissait d'une perspective "négative", contre "stable" jusqu'à présent.
"Cette perspective négative indique qu'il y a un peu plus de 50% de chance d'un abaissement de la note d'ici deux ans", a-t-elle expliqué dans son communiqué.
Immédiatement, le ministre de l'Economie et des Finances, François Baroin, a indiqué "prendre acte" de cette décision, affirmant que le gouvernement était "déterminé à poursuivre son action au service de la croissance, de la compétitivité, de l'emploi et de la réduction des déficits publics".
Après avoir fait de la défense du triple A une nécessité absolue, l'exécutif français a commencé cette semaine à infléchir sa position, estimant qu'une dégradation ne serait pas désastreuse.
Car la perte du triple A semble proche. La France est désormais sous la pression des trois grandes agences de notation financière: elle est le pays qui a été le plus sévèrement menacé de dégradation le 5 décembre par Standard & Poor's lorsqu'elle a placé sous surveillance négative 15 des 17 pays de la zone euro.
La France est ainsi le seul des 6 pays notés "AAA" dont S&P envisage de baisser la note de deux crans et passer à "AA". Cette dégradation est imminente, l'agence ayant indiqué vouloir "conclure sa surveillance aussitôt que possible après le sommet européen du 9 décembre".
uDu côté de l'agence Moody's, la pression s'était accrue fin novembre avec une déclaration soulignant qu'en France, "les coûts de financements élevés (sur une longue période, NDLR), conjugués àne perspective de croissance qui se détériore, auront des implications de crédit négatives".
Moody's a accentué ses menaces lundi, déplorant une "absence de mesures" décisives lors du sommet européen des 8 et 9 décembre, et confirmant du même coup qu'elle reverrait début 2012 les notes attribuées aux dettes des pays de la zone euro et de l'Union européenne.
"La politique économique du gouvernement s'inscrit dans un cadre et une méthode de long terme", a déclaré jeudi soir François Baroin.
Mais pour Fitch, la France est le pays "le plus exposé à une intensification de la crise" par rapport aux autres membres de la zone euro notés AAA, comme l'Allemagne par exemple.
L'agence pointe notamment un "déficit budgétaire structurel plus important et un poids de la dette plus grand.
"Depuis mai, lorsque Fitch avait réaffirmé à la France son statut de triple A, ses prévisions pour la croissance économique en 2012 est passée de 2,1% à 0,7%", ajoute l'agence, alors que la France serait au seuil de la récession.
En effet, l'Insee a annoncé jeudi qu'il tablait sur deux trimestres successifs de contraction de l'activité en France - soit l'exacte définition d'une récession - au quatrième trimestre de cette année (-0,2%) et au premier trimestre 2012 (-0,1%) avant une timide reprise de 0,1% au printemps.
"En dépit des mesures fiscales additionnelles annoncées en août et novembre" par le gouvernement, "de nouvelles mesures devraient être nécessaires pour ramener le déficit en-dessous de 3% du PIB en 2013 (...), étant donné la dégradation du contexte économique et financier", estime également Fitch.
Le gouvernement se refuse jusqu'ici à annoncer un troisième plan de rigueur budgétaire pour tenir ses engagements de réduction de déficit.